Retour sur le webinaire du 16 novembre dernier : “Regards croisés entre acteurs de la ville méditerranéenne” (5/8)

Retour sur le webinaire du 16 novembre dernier : “Regards croisés entre acteurs de la ville méditerranéenne” (5/8)

Retour sur le webinaire du 16 novembre dernier : “Regards croisés entre acteurs de la ville méditerranéenne” (5/8) 1096 688 Mediterranean Urban Planners Network

Nous avons le plaisir de mettre en ligne la cinquième intervention du webinaire organisé par l’AVITEM et le Réseau des Aménageurs de la Méditerranée sur la ville méditerranéenne durable – et « désirable », celle de la représentante de l’association professionnelle EnvirobatBDM.

Pour rappel, ce webinaire du 16 novembre a été l’exercice d’introduction à la série de webinaires qui va se tenir à partir du 1er avril prochain. Il a permis de commencer à mettre en perspective des référentiels et chartes de la ville méditerranéenne durable portés par des aménageurs méditerranéens, mais aussi par des collectivités publiques et des opérateurs professionnels.

Axelle Aimard : EnvirobatBDM

En ma qualité de pilote du pôle Évaluation pour EnvirobatBDM, je vais vous présenter les deux démarches sur lesquelles nous travaillons : BDM, Bâtiments Durables Méditerranéens et QDM, Quartier Durable Méditerranéen.

Au préalable je souhaite préciser qu’EnvirobatBDM est une association régionale créée en 2003 à destination des professionnels de la construction, de la rénovation et de l’aménagement durable. L’objectif de l’association est d’accompagner les opérations immobilières et d’aménagement sur tous les aspects développement durable tout en remettant l’humain et les usagers au centre de l’acte de construire. En termes de gouvernance, l’association est aujourd’hui constituée de 300 adhérents, tous issus des métiers de la construction : des maîtrises d’œuvre, des architectes, des bureaux d’études, des maîtrises d’ouvrages publiques ou privées, des entreprises de réalisation, des fournisseurs de solutions, etc. L’objectif consiste à disposer autour de la table de l’ensemble des acteurs afin de faire avancer les pratiques. Notre conseil d’administration est composé de 15 membres, avec 5 co-présidents et un trésorier.

L’association est organisée en 3 pôles :

  • 1 pôle évaluation qui porte les démarches BDM et QDM
  • 1 centre de ressources
  • 1 centre de formation

Nous travaillons en même temps à bâtir des interactions très fortes entre nos différents pôles et à utiliser tous les retours d’expériences pour créer de la ressource et des formations, afin que l’accompagnement des professionnels soit le plus cohérent et le plus complet possibles.

Aujourd’hui l’évaluation est faite au travers d’un référentiel. Il s’agit d’une grille d’évaluation qui porte sur différentes thématiques. Puis, nous faisons une analyse des retours d’expériences développés à travers ce référentiel, ce qui permet de le faire évoluer constamment. L’évaluation passant par la démarche BDM se veut globale car elle entend agir sur l’ensemble des thématiques qui peuvent être déterminantes dans le cadre d’un projet immobilier.

En synthèse, les thématiques identifiées au sein du référentiel sont les suivantes :

  • Gestion de projet
  • Matériaux
  • Eau
  • Social et économie
  • Territoire et site
  • Énergie
  • Confort et santé

Pour aller plus loin, le référentiel BDM est adaptable et flexible face aux différents contextes et aux différentes typologies d’opérations. Nos critères sont construits pour être adaptés à différents types de projets. On peut les adapter en fonction de la typologie de l’opération : habitat collectif, tertiaire, enseignements, maison individuelle, process industriel… Nous travaillons actuellement à la définition de plusieurs autres catégories de typologies : « piscine », « résidence » et « hôpital/clinique ». Nous avons également  une adaptation selon les types de travaux : neuf, réhabilitation, réhabilitation en site occupé. Dans ce travail, nous ne perdons pas non plus de vue le critère de la densité urbaine qui vient impacter les données : urbain dense, périurbain, rural. Enfin nous adaptons notre référentiel en fonction des climats : méditerranéen, arrière pays-méditerranéen, moyenne montagne, haute montagne.

La démarche BDM existe depuis 2009 et la démarche QDM depuis 2016. Nous avons ainsi plus de 570 projets qui sont inscrits dans la démarche BDM et 130 qui ont finalisé cette démarche, c’est-à-dire qu’ils ont passé la phase « usage ». En parallèle, il y a 11 projets qui sont entrés en démarche QDM, mais aucun ne l’a terminé car c’est une démarche plus récente et dont l’accompagnement se déroule sur une temporalité plus longue. Grâce à cette démarche, nous construisons un retour d’expérience fort sur de nombreux projets et dans des contextes très différents : c’est ce qui fait la force de la démarche car cela nous permet de faire évoluer le référentiel, de valider des pratiques, d’en découvrir ou d’en abandonner d’autres.

Concrètement, quel que soit le projet, l’évaluation BDM se déroule en 3 phases : en premier lieu en phase conception, nous évaluons, généralement sur un niveau APD, juste avant d’obtenir le permis de construire. Puis, en phase réalisation, nous évaluons à la livraison du bâtiment ou du quartier. Enfin la dernière évaluation se déroule en phase usage, au bout de 2 années de fonctionnement. La mise en œuvre de cette évaluation aux trois phases du projet est un aspect essentiel de notre travail et nous permet d’assurer la continuité des ambitions recherchées dans la conception jusqu’à l’exploitation. Dans le cadre du partenariat que nous avons avec Euroméditerranée, nous avons de plus ajouté un comité supplémentaire en phase conception, au niveau de la phase pro, juste avant le lancement de la consultation des entreprises.

À chaque phase d’évaluation, une commission se réunit pour examiner le projet et procéder à l’analyse de la cohérence globale du projet. Les membres de commission ont également la possibilité de délivrer des points d’innovation aux opérations qui en demandent Le référentiel évolue régulièrement en fonction notamment des mutations de la réglementation. Toutefois quelques points d’amélioration subsistent comme par exemple, des critères qu’on peut difficilement intégrer dans le référentiel : les points « d’innovation » sont la possibilité de valoriser des éléments non intégrés au référentiel d’origine mais qui mérite d’être soulignés.

Quatre « niveaux » peuvent être atteints par les opérations engagées en démarche BDM, avec par ordre croissant : niveau cap BDM, niveau bronze, niveau argent et niveau or. Tous ces niveaux sont associés à des prérequis spécifiques, , ainsi qu’un certain nombre de points à atteindre dans le référentiel, ceux-ci sont variables selon les niveaux

Je vais maintenant vous présenter quelques opérations qui sont entrées en démarche BDM sur les territoires de la Plaine du Var et sur le territoire d’Euroméditerranée. Sur la plaine du Var j’ai choisi de vous présenter les deux opérations « Palazzo Méridia » et « Pléaide & Odyssée ». Sur Euroméditerranée, je vous présenterai les opérations « Smartseille » et « Vilumia ». L’objectif de ces présentations est de vous montrer ce qui est valorisant au travers du prisme de la démarche BDM.

Le Palazzo Meridia a passé la phase réalisation et a atteint un niveau argent avec 86 points. Concernant les éléments valorisables on retrouve l’utilisation de matériaux biosourcés en structure , une bonne performance de l’enveloppe avec un gain BBIO de 43%, la participation du projet à la démarche E+C- et la réalisation d’une ACV, un raccordement au réseau de chaleur et une production photovoltaïque, ainsi que la limitation du débit d’eau rejetée au réseau. Dans le cadre de la démarche BDM, des points d’innovation ont été accordés à ce projet, notamment concernant une expérimentation qui avait été menée sur la qualité de l’air. Vous pouvez voir en bas à gauche (diapo page 13), la représentation graphique du projet selon les différentes thématiques de la démarche. Ce sont en fait deux graphes superposés, un premier en rouge qui correspond au profil en phase conception, et le deuxième en vert pour la phase réalisation.

Pierre Massis : modérateur

Axelle, pardonnez-moi de vous interrompre… SI ma mémoire est bonne le « Palazzo Méridia » est noté excellent par Nice Écovallée, alors pourquoi n’est-il pas niveau or chez Envirobat ?

Axelle Aimard : EnvirobatBDM

Nous avons des critères d’analyse différents. Cela dit, précisons que le niveau argent d’envirobatBDM est déjà assez prestigieux. Ce que je peux vous dire c’est que ce qui peut poser problème pour l’atteinte du niveau or c’est bien souvent la gestion des problématiques de confort d’été et des niveaux STD (simulation thermique dynamique), particulièrement quand on est en milieu urbain dense. Comme je l’ai dit, pour nous le niveau argent est déjà un très bon niveau. Cependant, il faut ajouter qu’il peut y avoir une contrainte économique, notamment de budget, pour accéder aux niveaux les plus exigeants.

La deuxième opération que je voulais vous présenter, c’est l’opération Pléaide & Odyssée. C’est un programme de logements qui a validé la phase réalisation avec un niveau bronze de 69 points. C’est une opération qui a fait un travail important sur la limitation des consommations énergétiques, avec un gain Cep de 30% et qui est également raccordée au réseau de chaleur. Cette opération a une bonne performance d’enveloppe avec un gain BBIO de 46%, et a réussi à développer des logements intégralement traversants ce qui permet une ventilation naturelle et un confort d’usage très important. Ce programme a également utilisé du béton bas carbone pour tout ce qui est matériaux et écomatériaux.

Je vais maintenant vous présenter deux opérations du périmètre d’Euroméditerranée qui sont engagées en démarche BDM.

Le projet Smartseille,ilot C, développé par Eiffage, est aussi un programme de logements qui a reçu le niveau argent avec 67 points en phase réalisation. Ce qui est intéressant c’est évidemment la limitation des consommations énergétiques avec un gain de 36% sur le CEP (coefficient d’énergie primaire), un raccordement au réseau de chaleur, une bonne performance d’enveloppe, la mise en place d’un moucharabieh béton pour la protection solaire et la mise en œuvre d’un béton bas carbone. Sur cette opération, plusieurs points d’innovation ont été accordés, notamment concernant l’expérimentation de la dépollution via l’usage de champignons.

Enfin, le projet Vilumia qui est également un projet de logements, qui a validé la phase conception au niveau argent avec 68 points. Ce qui est intéressant sur cette opération concerne l’isolation réalisée en laine de bois et en ouate de cellulose. On y voit également la mise en œuvre de béton bas carbone. On peut aussi parler de la création de lieux de convivialité avec des jardins partagés et un toit terrasse commun. Il y a enfin un raccordement au réseau chaleur et la limitation des consommations énergétiques avec un gain sur le CEP de 15%.

On observe sur les opérations de logements, « Pléaide et Odyssée », « Smartseille », et « Vilumia »,  des bonnes performances d’enveloppe et des réductions importantes sur les consommations énergétiques

Je suis à votre disposition pour tous renseignements complémentaires.

Pour retrouver en intégralité le diaporama de Madame Aimard, c’est par ici