Nous avons le plaisir de mettre en ligne la suite et fin de la troisième intervention du webinaire organisé par l’AVITEM et le Réseau des Aménageurs de la Méditerranée sur la ville méditerranéenne durable – et « désirable », celle d’Euroméditerranée.
Pour rappel, ce webinaire du 16 novembre a été l’exercice d’introduction à la série de webinaires qui va se tenir à partir du 1er avril prochain. Il a permis de commencer à mettre en perspective des référentiels et chartes de la ville méditerranéenne durable portés par des aménageurs méditerranéens, mais aussi par des collectivités publiques et des opérateurs professionnels.
Charles André, Responsable du Développement urbain et de l’Architecture à Euroméditerranée
La question qui subsiste porte évidemment sur la transposition opérationnelle de ces valeurs à l’échelle du plan guide et à l’échelle des constructions et des espaces publics. Pour aller dans ce sens, nous avons développé des référentiels pour les constructions et les espaces publics. Cela fait suite à la volonté que l’ensemble des intervenants sur le territoire, que ce soient les promoteurs, les architectes, les bureaux d’études ou les collectivités, puisse faire partie de ce groupe de réflexion et soit convaincu de ses grandes orientations. Nous les avons déjà partagées avec les collectivités locales et nous sommes en train de les partager avec les promoteurs avec lesquels nous travaillons, ceux avec lesquels nous sommes en train de lancer de nouveaux projets.
Nos objectifs sont :
- la possibilité pour nos partenaires de s’appuyer sur ces objectifs,
- le respect d’un socle commun de qualité,
- l’utilisation de références et d’outils communs,
- l’augmentation de l’ambition portée par chaque projet sur la thématique de la ville méditerranéenne désirable,
- la participation à la démarche d’innovation que nous sommes en train de mettre en place,
- la durabilité des projets, portée notamment par les promoteurs qui s’engagent à bâtir durable et sur le long terme,
- le partage des retours d’expériences sur l’ensemble des innovations et des expérimentations mises en place,
- l’accès à la diffusion et à la duplication, avec comme volonté d’être un laboratoire d’essai et que ce qui marche soit partagé avec les villes similaires.
Nous souhaitons faire adopter -par signature- ces différents points d’engagement par l’ensemble des intervenants pour qu’ils adhèrent à ces valeurs et à ces principes et qu’ils utilisent les outils. Ces outils sont de trois types : des cahiers de bonnes pratiques, des référentiels et guides et des fiches méthodologiques qui apportent des clés thématiques sur certains sujets, afin de partager un cadre, aider au pilotage et permettre l’évaluation des projets. L’idée générale consiste à pouvoir suivre le projet, depuis sa fabrication et son lancement jusqu’à sa finalisation et même à son exploitation, deux ans après. Pour cela, une gamme d’outils spécifiques tels que des référentiels d’indicateurs sur les logements et les constructions tertiaires (i), un référentiel générique (ii) destiné à s’appliquer à l’ensemble des constructions et un guide des espaces publics (iii) ont été produits. L’ensemble de ces outils a une destination à la fois interne à l’EPA afin de structurer un discours et des objectifs communs, mais aussi pour les promoteurs, les maîtres d’ouvrage et les maîtres d’œuvre. Ainsi, en ce qui concerne les espaces publics que nous contribuons à développer, ces outils sont à partager avec les maitrises d’ouvrage publiques, notamment les collectivités et les villes/métropoles.
Ces référentiels sont développés sur la base de prescriptions qui sont développées par Euroméditerranée depuis 25 ans déjà, que ce soient les carnets de recommandations architecturales et paysagères, les fiches sur l’eau, les documents d’identification foncière, les cahiers des charges des espaces publics, etc. Ils croisent ces objectifs avec les différents référentiels utilisés par de nombreux autres acteurs tels que Bâtiments Durables Méditerranéens, Quartiers Durables Méditerranéens, Éco-quartiers, Biodiversity, Smart Grid. Ils croisent aussi les lignes fortes que l’on souhaite porter aujourd’hui, tels que, par exemple l’utilisation maximale des toitures, le retour de la nature en ville, la priorité donnée à la marche ainsi que la « fabrication d’ambiances et d’identités » qui font la spécificité des quartiers.
Cela se matérialise comme présenté sur ce slide (diapo page 23), avec des indicateurs développés en premier lieu dans un cadre de socle minimal à atteindre, puis de niveaux d’ambitions supérieurs, l’idée étant cependant pour l’instant de se focaliser sur l’atteinte de ce socle minimal. Sur cette diapo (page 24), apparaissent les relations entre ces grandes thématiques philosophiques et les objectifs suivis d’un point de vue opérationnel. Ainsi chaque indicateur va avoir un impact sur les valeurs et sur les principes. Arrêtons-nous un instant, sur l’optimisation de l’usage des toitures : nous souhaitons que 80% des toitures puissent être utilisables, ce qui devrait avoir un impact sur la relation au paysage, sur la relation ville/nature, sur les lieux de convivialité puisque ce sont des lieux qui vont être partagés par les habitants, sur l’optimisation de la surface urbaine enfin.
Faire état de ces relations va permettre de générer un profil (diapo page 25) utilisable pendant toutes les phases du projet. Les niveaux d’ambitions, appuyés sur les différents principes du référentiel, vont permettre d’identifier les atouts et les faiblesses du projet et ainsi de caractériser son identité. Il ne s’agit pas réellement d’avoir un diagramme équilibré, mais plutôt que chaque projet et sa matrice réagissent à un contexte programmatique et/ou urbain. Ce diagramme, assez simple de lecture, permet de comparer les opérations entre elles (diapo page 25) et de suivre, dans la vie du projet, l’évolution des dispositions qui sont mises en place, dans le cadrage initial, dans les phases de pilotage et dans les phases d’évaluation finale.
L’objectif est bien finalement de créer un outil certes un peu ludique qui permette cette prise en mains par l’ensemble des parties prenantes du projet et le partage d’une vision à toutes les étapes du projet, une vision simple et synthétique. L’idée étant que, systématiquement, un retour sur expérimentation soit effectué grâce à ce diagramme et ce référentiel centralisateur.
Nous pouvons maintenant aborder plus en détail un référentiel tel que le référentiel logement. Il est constitué de 44 indicateurs socles, de 5 indicateurs complémentaires, et décliné en 11 thématiques qui sont visibles sur la diapo (page 29). Il touche à la fois des objectifs d’implantation génique dans la ville, de morphologie urbaine mais aussi l’usage et les orientations de durabilité. Sur la base de prototypes, des tests portant sur les nouvelles opérations sont réalisés afin de déterminer si les indicateurs développés sont pertinents ou pas, faciles ou compliqués à mettre en place.
La diapo page 29 offre une illustration du résultat sur les îlots que l’on appelle Cazemajou, avec un bâtiment extrêmement ouvert sur l’extérieur, extrêmement généreux dans son rapport aux espaces extérieurs. Chaque logement possède une très grande terrasse, soit en niveau soit en toiture. Cette préoccupation visant à ouvrir très largement et à offrir des espaces collectifs et/ou privatifs extérieurs, tout en portant l’identité méditerranéenne dans les usages à travers la présence de brises soleils, d’éléments rétractables en bois…, nous semble essentielle.
Sur cette image (diapo page 30) vous pouvez voir un exemple d’indicateurs comprenant le socle minimal et les niveaux d’ambitions. Nous souhaitons systématiquement définir des objectifs sur les différentes thématiques, par exemple concernant les terrasses, 80% doivent être conçus pour être accessibles dans le premier temps de vie du bâtiment : cela signifie qu’on cesse de bâtir avec des toitures graviers sans garde-corps et sans escalier. L’idée c’est vraiment que le bâtiment, même si initialement son usage n’est pas défini, dispose d’une terrasse accessible. S’ajoutent à cela, 25% de toitures avec usages privatifs ou collectifs. À l‘échelle de l’îlot, 30% de la toiture doivent être conçus pour pouvoir accueillir des panneaux photovoltaïques, de manière compatible avec la première prescription. Les toitures végétalisées sont a minima de nature semi-intensive et les toitures gravillonnées sont évitées et sont uniquement réservées aux toitures non vues. Vous pouvez observer (diapo page 30) les niveaux d’ambitions, qui sont en test, ce qui permet potentiellement de les intégrer à terme dans le socle minimal, ou simplement de faire évoluer ce socle pour l’améliorer.
C’est un travail en cours, nous le testons actuellement sur les différents référentiels et nous le faisons évoluer progressivement pour qu’il soit de plus en plus pris en compte dans l’ensemble des projets que nous sommes en train de développer.
La référence au diaporama de Charles André est annoncée en plusieurs passages de ce texte. Pour le retrouver en intégralité, c’est par ici