Webinaire AVITEM : l’eau en Méditerranée, résilience urbaine et solutions innovantes – Bamboo for Life (11/13)

Webinaire AVITEM : l’eau en Méditerranée, résilience urbaine et solutions innovantes – Bamboo for Life (11/13)

Webinaire AVITEM : l’eau en Méditerranée, résilience urbaine et solutions innovantes – Bamboo for Life (11/13) 1277 719 Le Réseau des Aménageurs de la Méditerranée

Nous abordons aujourd’hui la troisième présentation (Bamboo for Life) de la dernière session du webinaire. Cette partie vise à discuter et présenter les solutions innovantes qui se sont fait jour et valoriser les savoir-faire des partenaires des deux rives de la Méditerranée. L’intervention qui suit est la première des trois solutions innovantes, issues du territoire de la région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Pour mémoire, le webinaire du 8 avril est le premier d’une série de trois, destinés à traiter de la rareté de ressources emblématiques de la Méditerranée, mais aussi des solutions, traditionnelles comme innovantes, qui s’appliquent à la recherche, à la conservation et à une gestion optimisée de celles-ci. Les trois ressources que l’AVITEM a décidé d’examiner sont l’eau, l’énergie et les déchets.

Intervention de Bernard Benayoun : Président et co-fondateur de Bamboo for life

Je suis Bernard Benayoun, dirigeant de Bamboo for life. Vous pouvez voir à l’écran (page 1 du diapo) une station d’épuration, comme nous le verrons dans ces quelques slides. Comme cela a été dit durant cette matinée, les problématiques mondiales sont malheureusement assez communes, et parmi elles, les plus importantes touchent l’air, l’eau et les sols. L’assainissement peut se révéler un atout majeur pour réussir à traiter ces difficultés. Sans oublier les problèmes fortement connectés comme le réchauffement climatique, la déforestation, la raréfaction de l’énergie. Nos études montrent que la solution d’assainissement proposée par Bamboo for life pourrait avoir des externalités positives permettant de répondre à bon nombres de ces problématiques.

La technologie du bambou-assainissement est une Solution fondée sur la Nature (SfN), -on parle aussi de biomimétisme- car on ne fait que reproduire des techniques qui ont été observées dans la nature, en essayant de les rendre encore plus performantes. Dans notre modèle, les bactéries jouent un rôle de dégradation, ce qui est le cas dans toutes les stations d’épurations classiques, cependant, dans ces stations d’épuration « classiques », il est nécessaire de les oxygéner en permanence, ce qui nécessite un niveau important d’énergie électrique pour faire fonctionner des aérateurs ou pour projeter l’insufflation de l’air. Dans le bambou, on trouve des canaux aérifères, qui viennent assurer les échanges gazeux entre la partie aérienne et la partie souterraine, ces échanges gazeux permettant aux bactéries de se développer à très grande échelle. La dégradation opérée par les bactéries va permettre le prélèvement par la plante des éléments minéraux car, une fois dégradée, toute cette matière organique se transforme en nutriments, en matières très proches de l’engrais. NPK, azote, phosphore, potassium, autant d’éléments organiques qui coûtent assez cher sous forme d’engrais, mais qui, dans notre cas, se trouvent sous forme de matière organique dégradée. Par ailleurs, la « bambou-technologie » va aussi permettre de prélever l’eau contenue dans les eaux usées afin de l’évapotranspirer par le feuillage. Comme on le voit, le bambou dispose d’un feuillage persistant, ce qui permet d’avoir cette parfaite évapotranspiration.

-> Pourquoi a-t-on choisi le bambou ?

La phytoremédiation existe depuis pas mal d’années avec le saule, le peuplier, l’eucalyptus ; avec les roseaux, c’est un autre système, comme cela a été présenté dans le programme de Tafilelt. La phytoremédiation par « bambou-assainissement » c’est l’extraction par la plante. Dans le roseau, il y un rôle mécanique tandis qu’avec les saules, peupliers, eucalyptus il y a une séquestration des éléments dans la biomasse qui est produite. Avec le bambou, nous avons une plante jusqu’à dix fois plus performante que ces plantes-là, donc avec une efficacité remarquable et aussi une capacité de traitement transversale : il est ainsi possible de produire de l’assainissement, du rafraîchissement bioclimatique, et même de la séquestration carbone, puisque le bambou c’est la plante apte par excellence à séquestrer le plus de CO2. Les chiffres ont éloquents : 60 tonnes de séquestration de CO2 par an et par hectare, avec, en compensation la génération de flux importants d’oxygène.

-> Quatre fonctionnalités essentielles caractérisent la bambou-technologie :

Quatre fonctionnalités essentielles caractérisent la bambou-technologie :

 

  • la première, comme il a été dit, concerne la fonctionnalité d’assainissement, un assainissement exceptionnel pour deux raisons. En premier lieu, il ne produit pas de boues d’épurations, ce qui est normalement le cas de tous les autres systèmes d’assainissement, même quand ces systèmes sont annoncés « sans entretien », ce qui, pour être honnête, n’existe pas ! Regardons comment fonctionnent les fosses septiques qui doivent être entretenues une fois par an ou tous les deux ans : il faut la curer, pomper tous les éléments qui se sont dégradés et qui ont décanté à l’intérieur de la fosse et ces actions ont un coût, non seulement pour faire venir un camion afin de vider la fosse mais également pour traiter les boues qui ont été générées. Le bambou-assainissement ne produit pas de boues, mais à la place génère de la biomasse de bambou, considérée comme un matériau à forte valeur ajoutée. Il n’y a donc aucun rejet en milieu naturel, ce qui conduit à protéger les nappes phréatiques, contrairement à ce que l’on constate habituellement avec les installations classiques où il y a fréquemment des infiltrations et des contaminations des nappes souterraines. Le bambou-assainissement met en place une double technologie, un traitement complet qui génère de l’eau qui pourra être ensuite réutilisée dans des filières de re-use d’une part, l’évapotranspiration permettant de produire beaucoup de biomasse d’autre part. Une petite précision est à ajouter concernant la re-use, puisqu’avec la bambou-technologie, on est déjà au-delà de la re-use, laquelle consiste à réutiliser de l’eau après l‘avoir traitée. Ici, nous sommes déjà dans le « use », ce qui signifie qu’on utilise les eaux usées pour produire de la biomasse, pour produire de la dépollution, pour séquestrer du carbone, ce qui fait de l’eau usée un outil de production brut.

 

  • cette biomasse à très forte valeur ajoutée correspond à la deuxième fonctionnalité de la bambou-technologie (page 5 du diapo). Nous sommes capables de la produire dans des quantités très abondantes, entre 20 et 100 tonnes de matières sèches par an et par hectare. Ce qu’il faut aussi noter, c’est que cette matière a des propriétés très intéressantes, notamment calorifiques. Le montant de la production énergétique est de 5 400 kilocalories, ce qui représente un fort potentiel de production d’énergie-chaleur, beaucoup plus qu’avec du bois « classique » qui, lui, correspond à environ 4 000 à 4 500 kilocalories. D’autre part, le bambou dispose de nombreux types de valorisations telles que le textile, les matériaux composites ou encore le bois compressé. Cette variété de valorisations va permettre d’utiliser cette production de biomasse comme un élément de création de richesse et d’emplois.

 

  • la 3ème fonctionnalité de la technologie porte sur la séquestration carbone. Séquestrer du carbone est l’objectif de nombreuses organisations à travers le monde, et le bambou est la plante par excellence qui séquestre le plus de CO2, à raison de 60 tonnes par an et par hectare, nous l’avons dit. Fondamentale au niveau environnemental, cette séquestration carbone a également un aspect financier important puisque nous sommes capables de réaliser des stations d’épuration qui vont avoir à la fois une rentabilité environnementale et une rentabilité sociétale et financière. La valeur de la tonne de CO2 autorise des revenus à la station d’épuration, ce qui doit lui permettre de compenser les frais de gestion et de modernisation des appareillages.

 

  • enfin, la 4ème fonctionnalité (page 6 du diapo) porte sur le rafraîchissement bioclimatique en milieu ouvert. On parle souvent de bâtiments bioclimatiques en architecture, mais la ville de demain structurera aussi des environnements bioclimatiques. La transformation de l’eau de l’état liquide à l’état gazeux, ce qu’on appelle « l’effet adiabatique », permet de capter de l’énergie-chaleur Le fait d’éliminer cette énergie-chaleur permet au final de réduire les températures. En France métropolitaine et dans les pays tempérés, la technologie peut réduire les températures entre -3 et -8 degrés et dans les pays chauds, tropicaux ou désertiques, cette réduction peut aller jusqu’à -10 à -20 degrés. C’est une des fonctionnalités connexes qui va avoir un très fort intérêt pour les populations et pour leur confort. De nombreuses initiatives sont lancées sur les territoires urbains comme débitûmer les cours d’école ou végétaliser les espaces publics ; avec le bambou, on arrive à avoir un fort effet de rafraîchissement.

Sur cette slide (page 7 du diapo), nous observons un comparatif entre une station classique et une station bambou-assainissement. Au-delà de l’aspect paysager esthétique, puisqu’une station de bambou assainissement propose un « paysage productif », précisons qu’il n’y a ni odeur ni bruits. Ainsi nous pouvons nous en servir pour entourer une zone qui pourrait faire du bruit en vue de créer un écran phonique, nous allons produire de la biomasse au lieu de produire de la boue, nous allons séquestrer du carbone au lieu d’en consommer et toutes ces activités-là sont à l’origine de la rentabilité transversale de la technologie. Cette prochaine slide (page 8 du diapo) aborde l’utilisation et la fonctionnalité de la technologie dans la ville résiliente, parce que la ville résiliente de demain aura intégré l’assainissement dans sa réflexion. Une des présentations précédentes évoquait le coût de la tuyauterie, tant il est vrai que les tuyaux représentent une aberration pour un acteur de l’assainissement : 80% du budget de l’assainissement portent sur les réseaux, 20% pour construire les stations d’épuration. Ce qui veut dire que si demain on satellise l’assainissement et qu’on l’utilise pour faire des poches de verdure dans les collectivités, nous pouvons considérablement réduire les réseaux d’eau de collecte et ainsi réduire cette partie du budget de l’assainissement. C’est cette fonctionnalité-là qui est à prendre en compte dans la conception même des villes résilientes de demain, dans lesquelles il ne s’agit plus de faire des réseaux gigantesques pour arriver à des stations d’épurations, réseaux que seuls les grands groupes français ou internationaux vont pouvoir réaliser et gérer. Demain, il faut pouvoir réaliser des poches de vert, d’assainissement qui vont pouvoir ponctuellement, au sein même de la ville, amener de la biodiversité, de la réutilisation, des circuits courts, du vert, de la séquestration de carbone et de l’emploi également.

Les bambous peuvent, nous l’avons dit, être transformés, notamment en charbon actif. Rappelons que le charbon actif est, par ailleurs, le lien direct avec la potabilisation de l’eau. Les charbons actifs classiques ont une surface d’échange entre 1000 et 1500 m2 par gramme, les charbons actifs de bambou ont une surface d’échange de 3000 m2 par gramme. En conséquence, le bambou présente une efficacité très importante pour faire de la dépollution de gaz, mais également de la dépollution des eaux, ou de la potabilisation des eaux. Toutes les grandes institutions de potabilisation d’eau utilisent du charbon actif, et dans le futur, la résultante de la station d’épuration sera en mesure de produire le charbon actif nécessaire à l’unité de potabilisation. Cette transversalité est extrêmement importante dans l’emploi et dans le circuit court.

Cette dernière slide (page 9 du diapo) présente rapidement nos partenaires, bien sûr nous sommes avec Entrepreneurs pour la Planète. Christelle vient d’en parler, nous avons en effet un mentor qui nous a été présenté par cette belle initiative. C’est un ancien Directeur général des services d’un département voisin qui nous aide à avoir un accès direct à certaines personnes, une vraie communication, une rapidité de mise en œuvre de nouveaux projets. Et je vous en remercie et je remercie également l’AVITEM pour cette très riche présentation de ce matin avec tous ces intervenants.

 -> Myriam Lankry : Directrice marchés & Co-fondatrice Bamboo For Life

Pour mémoire, je souhaite rappeler que Bamboo for life est membre de l’Institut Méditerranéen de l’Eau (IME), malgré sa petite taille. Le présent webinaire est destiné à donner la parole aux innovations et nous sommes convaincus qu’il est impératif d’utiliser les eaux usées comme une ressource. Miser sur l’innovation c’est également travailler sur les mentalités, c’est-à-dire comment intégrer et inclure ces stations d’épuration au plus près des populations pour en faire une ressource dans le but de verdir, revaloriser, etc. Cette ambition innovatrice nécessite un réel décloisonnement des mentalités au niveau des communes, des collectivités et de tous les acteurs des territoires pour faire des eaux usées tout à la fois de la végétalisation, une ressource et de l’emploi par la création de matière première qu’est le bambou. Voilà c’était cette vision qu’on voulait vous livrer, et je suis très contente d’avoir participé à ce webinaire car nous avons vraiment eu beaucoup d’informations très utiles pour poursuivre le développement de Bamboo for life.

-> Pierre Massis : Modérateur

Je vois que vous avez de nombreux partenaires et ce qui est intéressant pour une solution centrée sur l’eau, c’est votre partenariat avec Cap Énergie qui rend compte de la portée transversale du bambou, qui va au-delà de la filtration naturelle de l’eau.

-> Myriam Lankry : Directrice marchés & Co fondatrice Bamboo For Life

Oui c’est une éco-circularité totale.

Pour avoir accès à la présentation de Bamboo for life, c’est par ici