Lecture : « Les architectes au défi de la ville néolibérale »

Lecture : « Les architectes au défi de la ville néolibérale »

Lecture : « Les architectes au défi de la ville néolibérale » 400 613 Le Réseau des Aménageurs de la Méditerranée

De Véronique Biau, architecte urbaniste de l’État et docteur en sociologie, chercheur à l’École nationale supérieure de Paris-Val de Seine, au Centre de recherche sur l’habitat. Elle est membre depuis 2001 du secrétariat scientifique du Ramau (Réseau activités et métiers de l’architecture et de l’urbanisme).

Editions Parenthèses

Quoiqu’en majorité urbains, nos contemporains connaissent peu les acteurs et les processus qui produisent leur cadre de vie. Cet ouvrage éclaire les coulisses de la fabrication de la ville à partir de la place qu’y occupent les architectes. L’évolution considérable de leur statut depuis les années 1980 est révélatrice de nombre de transformations profondes de notre société.

La référence que constituait la grande commande publique, le rôle prépondérant de l’Etat dans la désignation des politiques architecturales s’effacent au profit de nouvelles situations de projet, mettant les grands opérateurs du BTP au centre des systèmes d’acteurs.

Ce décadrage interroge le sens que les architectes attribuent à leur travail et les registres sous lesquels ils revendiquent d’être évalués.

Jusqu’à une période récente, la grande commande publique constituait le système de référence et l’État jouait un rôle prépondérant dans la désignation des politiques et des élites architecturales. Sous des formes différentes dans l’Histoire, les architectes ont exercé au plus près du pouvoir politique. Avant 1968, c’est la longue survivance du système originaire du XVIIe siècle, autour de l’Académie royale d’architecture, de l’École des beaux-arts et du Prix de Rome. Après 1968 et jusqu’au tournant des années 2000, c’est une politique étatique de promotion de la qualité architecturale qui a fait émerger un star-system d’architectes des grands édifices publics.

Tout ceci a commencé à s’effacer il y a une vingtaine d’années, au fur et à mesure du recul des investissements publics dans les politiques urbaines et architecturales. D’autres modalités de production se sont fait jour, comme celle du « partenariat public-privé » (PPP) issu du courant néolibéral britannique, mettant les concepteurs face à des dispositifs fortement conduits par les logiques technico-économiques des grands opérateurs du BTP, loin du statut prestigieux que donnait aux architectes-concepteurs leur connivence avec le pouvoir politique.

En s’appuyant sur l’analyse du quotidien de leur activité dans des contextes de commande diversifiés on constate notamment combien le modèle du « colloque singulier » – l’architecte et son client –, qui structure l’imaginaire de cette profession est décalé par rapport au registre fondamentalement inter-organisationnel en train de se mettre en place. Que deviennent les architectes, que devient l’architecture dans un monde où la fabrication de la ville est structurée autour de grosses organisations clientes et de puissantes entreprises positionnées sur toute la chaîne des activités économiques de l’aménagement, des services urbains à la gestion immobilière en passant par la construction ?

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