Dans la continuité du premier webinaire, qui a traité de la question de la ressource en eau en Méditerranée, nous entamons aujourd’hui une nouvelle série autour de notre second webinaire, qui s’est tenu le 29 avril dernier autour de la ressource énergétique en Méditerranée. Comme vous aurez l’occasion de le lire tout au long de cette série qui va compter 12 épisodes (pour 12 intervenants), les contributions sont variées et sont représentatives des territoires sur lesquels pèse cette interrogation autour de la ressource énergétique : les oasis, les îles et les villes de la Méditerranée.
Voici la première contribution, l’introduction de l’Ambassadeur Meunier.
Pour mémoire, le webinaire du 29 avril est le second d’une série de quatre, destinés à traiter de la rareté de ressources emblématiques de la Méditerranée, mais aussi des solutions, traditionnelles comme innovantes, qui s’appliquent à la recherche, à la conservation et à une gestion optimisée de celles-ci. Les trois ressources que l’AVITEM a décidé d’examiner sont l’eau, l’énergie et les déchets et, parmi les solutions, notamment celles qui feront l’objet du quatrième webinaire (le 1er juillet), celles qui ont principalement recours à la basse technologie.
Intervention de l’Ambassadeur Philippe Meunier, Directeur général de l’AVITEM
Bonjour à tous et bienvenue dans ce deuxième webinaire aux panélistes, comme aux participants. Comme vous le savez, c’est une série de trois webinaires, chacun centré sur la gestion d’une ressource dans une approche globale de Nexus. Précédemment nous avons traité la ressource hydrique. Aujourd’hui, nous échangerons sur la question énergétique, à la fois sur la production et sur l’accès à l’énergie. Enfin le 3ème webinaire portera sur la gestion des déchets et nous en aurons presque terminé avec ce cycle passionnant.
Je voudrais d’abord saluer tout particulièrement nos partenaires algériens pour leur participation à l’ensemble de ces 3 webinaires. Je veux aussi saluer un événement très important, et c’est la première fois que j’ai l’occasion de le vivre en tant qu’Ambassadeur et Directeur général de l’AVITEM, il s’agit de l’adhésion de la collectivité de Corse à notre Agence. La collectivité de Corse est maintenant un membre de l’AVITEM, depuis la semaine dernière et nous en sommes très fiers. Je constate que cela se traduit d’ores et déjà par une forte présence corse dans le webinaire d’aujourd’hui, ce qui est très prometteur et très important. Et puis évidement l’Institut National de l’Énergie Solaire (INES), qui est basé en Savoie, qui nous rejoint dans ce webinaire et dont la présence est vraiment utile et pertinente.
Je souhaiterais orienter mon propos autour de 3 remarques :
Premièrement, notre problématique traite du climat et de l’énergie, ce qui est important à rappeler car les imbrications de ce diptyque sont essentielles à prendre en compte. En premier lieu, en termes d’impacts sur le climat, on voit bien qu’à l’échelle globale c’est la problématique énergétique qui est prégnante. On ne peut plus et on ne doit plus traiter d’un côté la problématique énergétique et de l’autre la question climatique. Il faut bien garder en tête cette priorité mondiale du climat et mener les politiques énergétiques en cohérence avec cela. Il est tout à fait essentiel et déterminant pour le développement durable d’avoir un bon équilibre énergétique.
D’autre part, l’accès ou le non-accès à l’énergie est un élément extrêmement important d’injustice sociale et constitue un facteur majeur pour le développement économique des territoires. Ces 3 éléments que sont le climat, l’énergie et le développement économique et social forment un triangle qui se doit d’être équilatéral, chaque élément prenant son importance. Nous savons en réalité que, à l’heure actuelle, le monde fonctionne encore en silos avec des politiques énergétiques qui ont tendance à ignorer la dimension climatique. Sans doute avez-vous pris connaissance de l’étude réalisé par les Britanniques en 2019 portant sur la science économique et qui stipule que, sur à peu près 75000 publications, il y en a juste une soixantaine qui traite de la question du défi climatique, ce qui montre bien que la pénétration du défi climatique dans la science économique reste extrêmement faible.
A l’AVITEM, et bien sûr nous ne sommes pas les seuls, nous sommes résolus à valoriser cette dynamique climat/énergie. Il faut faire des progrès sur la lutte contre le changement climatique, c’est un impératif absolu et puis en matière d’efficacité énergétique, de justice à l’accès à l’énergie, de production de l’énergie, etc.
Le second point concerne notre travail sur les territoires et, en l’occurrence, notre activité sur cette interface qui nous rassemble tous, à savoir la Méditerranée. C’est sur cet espace-là qu’il faut trouver des points d’application, des échanges de bonnes pratiques, qu’il faut promouvoir le dialogue, la coopération et le développement solidaire. Notre situation commune nous fait partager les mêmes enjeux et nous savons que les réponses se construisent en prenant en compte la diversité des situations méditerranéennes. C’est la raison pour laquelle je vous remercie d’avoir accepté d’être avec nous aujourd’hui pour évoquer un certain nombre de réalités géographiques et humaines, si diversifiées dans notre région.
Nous allons donc parler de la zone saharienne où les contraintes sont importantes du fait du climat notamment, comme on a pu le voir au cours du webinaire sur l’eau. Nous allons également évoquer les problématiques insulaires, ce qui me permet de saluer une nouvelle fois la Collectivité de Corse, ce qui est un champ relativement nouveau pour l’AVITEM, champ qui apparait comme un probable futur axe de travail majeur, car c’est un axe décisif pour la préservation et le développement de la Méditerranée. Les îles de Méditerranée font face à des défis plus importants que le littoral, mais elles ont aussi les capacités de réalisation et de synthèse de solutions sur des territoires fragiles mais à dimension facilitant parfois un certain angle d’innovation. De ce fait, elles ont la capacité de nous apporter beaucoup et d’illustrer les opportunités et les difficultés qui peuvent se poser. Quant au troisième type de territoire dont nous allons parler, les villes en Méditerranée, nous connaissons leur importance, qu’elles soient littorales ou éloignées de la mer. Le milieu urbain devient un acteur essentiel dans l’accueil et l’équilibre des populations. Nous le voyons, ce webinaire traduit bien la diversité des situations, dans un contexte géographique et culturel très proche, presque commun.
Enfin dernier point, l’esprit de ces trois webinaires consiste à faire dialoguer les innovations avec les savoir-faire traditionnels. Certains de ces savoirs traditionnels peuvent parfois avoir été oubliés ou mis de côté, mais qui, sur la très longue histoire de la Méditerranée, peuvent aussi nous permettre d’identifier des solutions à dimensions diverses. Elles sont également en mesure d’activer un dialogue avec les innovations technologiques, notamment quand on parle d’innovations de gouvernance inclusive, de participation et d’implication des citoyens.
Compte tenu de tout cela, nous avons choisi de concentrer le focus sur les énergies renouvelables, solutions à même d’alléger la contrainte carbone et ainsi d’avoir une action réelle sur le changement climatique, en allant vers une économie de plus en plus décarbonée. Le propos n’est pas ici d’entrer dans les différentes solutions, même si de nouvelles solutions apparaissent régulièrement. Le solaire apparaît forcément comme une solution évidente en Méditerranée ; en ce qui concerne les énergies marines, j’ai tendance à considérer que les hydroliennes en Méditerranée sont plus compliquées à mettre en œuvre du fait que les faibles marées ne donnent pas les impulsions nécessaires au courant marin, mais je peux me tromper. Et puis, il y a les autres solutions que vous allez présenter les uns et les autres.
Ces perspectives sont, pour l’AVITEM, de forts points d’accroche et je vous remercie d’y contribuer. L’ordre du jour, séquencé en 3 tables rondes, va permettre d’enchaîner ce déroulement comme je viens de la faire, comme une sorte de fil rouge de notre réflexion partagée. Merci à tous.