Webinaire 2 : L’énergie en Méditerranée, résilience urbaine et solutions innovantes – AViTeM (2/12)

Webinaire 2 : L’énergie en Méditerranée, résilience urbaine et solutions innovantes – AViTeM (2/12)

Webinaire 2 : L’énergie en Méditerranée, résilience urbaine et solutions innovantes – AViTeM (2/12) 1279 716 Le Réseau des Aménageurs de la Méditerranée

Nous poursuivons la présentation des interventions du second webinaire, qui s’est tenu le 29 avril dernier autour de la ressource énergétique en Méditerranée.

Voici la première contribution de la première partie, celle des expertises méditerranéennes.

Pour mémoire, le webinaire du 29 avril est le second d’une série de quatre, destinés à traiter de la rareté de ressources emblématiques de la Méditerranée, mais aussi des solutions, traditionnelles comme innovantes, qui s’appliquent à la recherche, à la conservation et à une gestion optimisée de celles-ci. Les trois ressources que l’AVITEM a décidé d’examiner sont l’eau, l’énergie et les déchets et, parmi les solutions, notamment celles qui feront l’objet du quatrième webinaire (le 1er juillet), celles qui ont principalement recours à la basse technologie. 

Intervention de Donia Marzougui : Responsable du pôle Maghreb à l’INES (Institut National de l’Énergie Solaire)

Bonjour à tous.

Je suis Donia Marzougui et je travaille à l’INES, basé au Bourget-du-Lac. L’INES est le troisième centre mondial sur l’énergie solaire et comporte 2 plateformes :

  • La plateforme recherche et innovation qui fait partie du CEA. On y travaille sur la thermique, sur le photovoltaïque et sur l’efficacité énergétique des bâtiments ;
  • La plateforme formation et évaluation qui est une association selon la loi de 1901. Sa mission consiste à promouvoir l’énergie solaire par la formation professionnelle qu’elle soit qualifiante, certifiante, impliquant la formation de formateurs ou des formations à la carte, selon les demandes et les besoins du « client ». Nous tenons aussi à promouvoir l’énergie solaire par l’expertise à travers les audits, l’accompagnement des clients, par exemple, sur la mesure des performances des installations solaires, photovoltaïques ou thermiques. Nous disposons aussi d’un grand centre de ressources numériques où nous développons nos propres logiciels pour le suivi des installations thermiques ou pour le pré-dimensionnement de l’autoconsommation photovoltaïque.

Nous avons notre plateforme de formation à distance où l’on peut trouver plusieurs supports de formation en e-learning dans les thématiques clés de l’INES. Nous organisons aussi  des colloques et des séminaires pour diffuser notre expertise  sur technologies innovantes.

L’INES collabore beaucoup avec les 3 pays du Maghreb, la Tunisie, le Maroc et très récemment l’Algérie. Dans la diapo de la page 4, on comprend la vision de l’INES à propos de sa présence sur ces territoires.

Les situations de ces trois pays sont toutes différentes. Le Maroc, par exemple, est un pays qui ne dispose pas de ressources naturelles et qui doit faire face à un besoin énergétique en constante croissance. De ce fait, ce pays a connu une croissance très rapide vers la transition énergétique à travers les grandes centrales solaires qui ont été installées. Le pays a ainsi dû accepter les investissements étrangers pour accélérer sa transition énergétique Il en découle un parc solaire très développé.

L’Algérie, quant à elle, dispose de très importantes ressources en hydrocarbures ce qui lui permet de répondre à ses besoins énergétiques et à l’accroissement de la demande. C’est pour cette raison qu’elle  rejoint le mouvement des ENR un peu tardivement par rapport à ses voisins.

Enfin, la Tunisie est plutôt pauvre à la fois en ressources naturelles et en ressources économiques. En conséquence, le pays s’est plutôt orienté vers une transition écologique bottom-up, amorcée par une vaste campagne d’installations solaires domestiques. Ce mouvement a commencé très tôt, vers les années 2003-2004. Toutefois, la Tunisie a opéré en parallèle un renforcement des capacités professionnelles qui ne cessent de s’accroitre dans la filière des énergies renouvelables.

Notre expérience de collaboration au Maghreb a pris plusieurs directions. Les échanges avec les Marocains ont débuté en 2014 avec l’accompagnement du cluster solaire marocain sur le montage des formations portant sur l’évaluation pratique des performances des systèmes solaires d’une part, et sur la diffusion des savoirs d’autre part, à travers l’organisation de différents colloques et séminaires, à destination des professionnels de la filière thermique,  photovoltaïque et la performance énergétique des bâtiments. Nous avons travaillé aussi récemment sur la labellisation des professionnels via les labels « Taqa pro ».  : 3 labels ont été mis en place pour les petites installations, les grandes installations et le pompage solaire.; ces projets sont soutenus par l’AFD, par la GIZ, et par la région Auvergne Rhône-Alpes.

En Tunisie, nous travaillons avec l’ANME, l’Agence nationale de la maitrise de l’énergie pour l’accompagnement des professionnels de la filière sur le  solaire thermique collectif, une initiative qui a commencé en 2014, . En 2018, nous avons travaillé sur un projet d’audit national de la performance des  installations photovoltaïques, dans le but de mettre en place un service après-vente. Dans le cadre de ce projet, 130 installations photovolatiques raccordées au réseau ont été auditées sur tout le territoire tunisien : petites et moyennes puissances,.. Nous collaborons aussi avec le milieu académique, comme l’ENIT (Ecole nationale des ingénieurs de Tunis), sur le volet formation de formateurs et initiation des futurs ingénieurs aux métiers des EnRs

En Algérie, la collaboration s’est organisée sur un projet H2020 avec le Centre de développement des Energies renouvelables autour de la mesure des performances des centrales solaires en conditions désertiques extrêmes. En 2019, nous avons lancé avec le Centre de formation CIARA à Alger un projet soutenu par l’Ambassade de France en Algérie, pour former des formateurs référents sur les thématiques du photovoltaïque, du solaire thermique et de la performance énergétique des bâtiments. Nous avons aussi réalisé une mission avec un bureau d’étude algérien pour étudier la possibilité de solarisation d’une pisciculture à Tindouf.

Après cet aperçu des projets terminés, voici ceux qui sont encore en cours sur ces 3 territoires.

En Tunisie, nous sommes à la 3ème phase de l’accompagnement au développement du solaire thermique collectif. Ce travail consiste à accompagner l’ANME pour l’acquisition d’une certaine autonomie sur ce sujet à travers la mise en place d’un dispositif durable de renforcement de capacités. Le programme comporte différentes sessions de formation pour différents publics. Le grand public, les techniciens, les opérateurs, les ingénieurs et les mainteneurs. Nous avons mis en place une plateforme de formation à distance pour essayer d’hybrider au maximum les formations. Ainsi, la partie théorique peut être dispensée à distance via cette plateforme et la partie pratique se déroule de préférence en présentiel. Cette phase concerne différents secteurs professionnels tels que le secteur hôtelier, afin d’encourager les hôtels à mettre en place des installations solaires thermiques pour l’eau chaude sanitaire. Nous allons aussi mener des études d’opportunité pour l’intégration du solaire thermique dans les industries agro-alimentaires,

Avec le Maroc, nous sommes sur le point de débuter un nouveau contrat sur l’accompagnement du cluster solaire marocain dans la montée en compétence des membres actifs du cluster, à travers la mise en place d’une offre commune de formation sur les thématiques du photovoltaïque, du solaire thermique et du process industriel. Nous allons aussi accompagner nos partenaires marocains pour le développement d’une plateforme de formation à distance sur le modèle tunisien… Il y a aussi une nouvelle implication de l’INES au Maroc, à travers les coopératives solaires arganières. Le but de ce projet est de former des jeunes techniciennes aux technologies solaires thermiques, applicables sur des matériels tels que les séchoirs et les cuiseurs solaires dans le cadre de la récolte et du traitement de l’argan. Ce projet traite le genre dans les métiers de l’énergie, en impliquant des jeunes femmes dans le développement durable et dans la réalisation et l’utilisation de solutions solaires low-tech. Avec elles, nous sommes en train de mettre en place un dispositif de formation et de renforcement des capacités sur la bonne gestion et la protection durable à destination de 600 femmes, dont 120 dirigeantes de coopératives rurales. Enfin, l’une des dernières phases de ce projet consistera à former des « Ambassadrices du soleil » pour promouvoir ces solutions réalisées localement. Nous travaillons sur l’engagement de ces jeunes femmes dans l’économie alimentaire locale et sur leurs très actives contributions à la transition énergétique et à la politique de développement durable des territoires.

En Algérie, nous sommes en train de construire et de mettre en place un projet avec le cluster énergie solaire, pour l’accompagnement à la montée en compétence des professionnels de la filière solaire photovoltaïque : nous mettons en place un dispositif de formation durable de formateurs, basée sur une ingénierie pédagogique innovante, des plateaux techniques répondant aux besoins des centres de formation et des formateurs référents qualifiés. Nous travaillons ensemble à promouvoir un dispositif qui soit pérenne et évolutif dans le temps en fonction de l’évolution et des besoins du marché.

En illustration de ce qui peut être fait, nous avons examiné les différents axes de recherche communs qui pourraient être construits entre le Ksar Tafilelt et l’INES. Ainsi, nous pourrions travailler ensemble sur un éventail de technologies solaires basé sur 3 usages énergétiques principaux :

  • un usage productif pour l’agriculture comme le pompage solaire ou les séchoirs solaires pour le processus de transformation de différents produits ;
  • un usage communautaire pour l’éclairage des rues, des lieux de cultes, des cultures et des marchés ;
  • un usage domestique pour l’éclairage avec la technologie du solaire PV et pour la cuisson aussi avec le solaire thermique.

Pour mettre en place ces technologies solaires thermiques, on pourrait utiliser des solutions énergétiques low-tech alliant savoir-faire, matériaux locaux et enjeux contemporains. Des solutions aussi qui soient accessibles et résilientes, de la conception jusqu’à l’opérationnel et à la maintenance de ces solutions. Il faut travailler aussi sur l’innovation frugale pour répondre aux besoins de la manière la plus simple et efficace possible, en utilisant le minimum de moyens et de ressources. Enfin, nous pouvons travailler ensemble sur l’intégration du photovoltaïque dans une architecture traditionnelle.

Toute ces solutions n’ont qu’un seul objectif, qui consiste à créer un modèle de gouvernance participative dans le cadre de mini-réseaux, comme cela se voit par exemple au sein de communautés énergétiques en Europe, du type centrale villageoise. Le but est d’assurer une certaine autonomie énergétique pour des ensembles humains tels que le Ksar Tafilelt et de mettre en place un système de mini réseaux modulaires en mode revolving.

Merci pour votre attention !!

Pour prendre connaissance du support de présentation de D. Marzougui, c’est par ici