Répondant à l’invitation de la Métropole Nice Côte d’Azur, un représentant du Réseau des aménageurs de la Méditerranée s’est déplacé mardi 17 septembre à Antibes dans le cadre d’un atelier « Ports et Patrimoines » porté par le programme GrIT Access (Interreg Maritimo). Ce déplacement trouve d’une part sa justification dans la proximité d’intérêt de la thématique prévue avec celle qui est suivie par le Réseau en 2019 (relation ville-port en Méditerranée) et des intervenants attendus, notamment des partenaires du Réseau (AIVP et Porto Antico de Gênes). D’autre part, la capacité du Réseau des aménageurs à intégrer dans sa thématique des ports de taille moyenne dédiés à la plaisance (ce qui constitue, de fait, la majorité des ports de la Région Sud) avait également été relevée.
Des trois tables rondes qui se succèdent le matin, ressortent deux idées fortes : en premier lieu, celle de la conservation de l’identité territoriale face aux évolutions et aménagements des espaces portuaires. Cette identité est solidement ancrée à Antibes, avec notamment la présence d’un bâtiment historique emblématique, « le Fort Carré ». La seconde s’exprime à travers la capacité des diverses parties prenantes du territoire portuaire (autorités portuaires, douanes, autorités locales, pêcheurs, plaisanciers, office du tourisme et riverains) à dialoguer et à expliquer les évolutions et aménagements permettant d’élaborer des espaces publics et partagés, notamment au sein de l’outil qui en découle : le « Port Center ».
En ouverture de ces débats, il est précisé que la notion de patrimoine s’applique autant à une identité (une histoire, une géographie et un devenir) qu’à des lieux. Pour illustrer cette réflexion, les deux premiers orateurs invités sont des architectes appartenant aux Bâtiments de France, Anna Pellegrini et Philippe Prost. Ils rappellent que, au-delà de l’identité, le travail consiste à favoriser une mixité avec la ville, élargir l’espace public, le rendre aux piétons et prendre en compte l’approche maritime du port (ce que l’on voit quand on arrive en bateau : sur ce point, il faut préciser que la Ville d’Antibes est la première ville européenne d’accueil [en capacité de tonnage] des bateaux de plaisance, les plus gros venant s’amarrer sur un quai appelé le « Quai des Milliardaires » [ex-« Quai des Pétroliers »]). L’ambition est ici urbanistique, paysagère, architecturale mais aussi commerciale et industrielle. Il est donc fondamental, pour continuer à écrire l’histoire de ce port, d’en qualifier précisément les usages, le projet portuaire restant collectif et l’intégration du port à la ville demeurant un véritable enjeu.
Dans le prolongement de ces premiers échanges valorisant une inflexion vers le collectif, les trois orateurs suivants ont pour mission de présenter les Port Centers et d’en expliquer la plus-value. En introduction, M. Olivier Lemaire, directeur général de l’AIVP remet en contexte les mouvements généraux qui animent l’ensemble des ports de la planète : questionnement croissant des citoyens et des riverains concernant la compatibilité des activités portuaires et le bien-vivre en ville, mise en harmonie avec le patrimoine et l’identité de la ville portuaire, montée en puissance dans les démarches innovantes et les nouvelles technologies, notamment énergétiques, environnementales et paysagères, le tout étant lié à un fort développement de l’activité maritime. Olivier Lemaire rappelle que l’AIVP a participé à la construction de la démarche Port Center et est à l’origine d’une Charte des meilleurs principes portant sur les modalités de fonctionnement de ce dispositif. Madame Greta Delsalle Marini, Directrice du Port Center du Havre confirme le rôle essentiel de médiation de cet outil, qui permet à la fois de créer des échanges entre utilisateurs du port et de transmettre des savoirs afin que les professionnels puissent identifier et comprendre les activités des autres filières déployées sur le port. M. Antich Y Amengual, responsable de l’agence d’urbanisme du Pays de Lorient précise, quant à lui, que le Port Center entretient la culture maritime, ce qui ne se fait pas automatiquement, et que l’installation d’un tel dispositif répond toujours à une commande politique. Enfin, il déclare qu’un Port Center est un magnifique mécanisme de marketing territorial, offrant aux professionnels la possibilité de valoriser leurs filières et aux autorités locales leurs entreprises et leur territoire.
L’après-midi est consacré à une visite de différents sites de la ville d’Antibes (dont le Fort Carré et le port Vauban) et se clôture par la signature de l’adhésion de la ville d’Antibes à la Charte des Port Centers (Antibes en est le 17° signataire).