Webinaire 8 AVITEM : « Acuité du défi énergie/climat en contexte méditerranéen » (2/5)

Webinaire 8 AVITEM : « Acuité du défi énergie/climat en contexte méditerranéen » (2/5)

Webinaire 8 AVITEM : « Acuité du défi énergie/climat en contexte méditerranéen » (2/5) 511 377 Le Réseau des Aménageurs de la Méditerranée

Dans la continuité de ce que nous vous avons présenté mercredi 19, nous avons le plaisir de vous communiquer la suite des propos échangés lors du 8° webinaire de l’AVITEM qui s’est tenu le 10 novembre 2022 et dédié à la thématique :

« Acuité du défi énergie/climat en contexte euroméditerranéen »

Nous précisons qu’il vous est possible de retrouver l’intégralité des échanges de ce webinaire (des précédents et des suivants) sur la chaine You Tube du Réseau des Aménageurs de la Méditerranée. Le webinaire du 10 novembre est à retrouver en suivant ce lien :

https://www.youtube.com/watch?v=qOXHwAIWCuU&t=188s

Pour prolonger la réflexion, l’AVITEM a accueilli en tant que second orateur de cette session M. Boukhalfa Yaïci, Directeur général du Green Energy Cluster Algeria qui présente le  point de vue d’un pays exportateur de gaz naturel

« Les termes évoqués de solidarité, d’échange et de partenariats sont effectivement essentiels dans la mesure où la crise actuelle nous amène à nous interroger, à revoir nos formes de relations, à voir comment des choses simples comme la solidarité ont été perdues de vue. Ce type d’échanges gagnerait à s’étendre à d’autres partenaires pour faire avancer les idées et trouver des solutions. Des solutions pour aider l’Union européenne aujourd’hui, et pour que l’Union européenne nous aide demain dans le développement de nos pays, notamment du sud de la Méditerranée.

Le Green Energy Cluster Algeria est composé d’une quarantaine de membres, composés à 80% d’entreprises et à 20% de centres de recherche, d’universités et de grandes écoles. Sur le plan stratégique, le nom a changé, passant de Cluster Énergie Solaire au Green Energy Cluster Algeria. Cela dénote notre vision sur ce qui se passe à travers le monde.

Il est important de rappeler que l’Algérie est le premier pays gazier en Afrique, un acteur qui détient la dixième plus grande réserve de gaz à l’échelle internationale et la quinzième plus grande réserve de pétrole. Troisième fournisseur de gaz naturel de l’Europe, c’est un pays qui dessert principalement un marché régional qui est celui de l’Union européenne. Il y une interdépendance importante entre l’Algérie et l’Union européenne. Le gaz naturel est le maillon central du partenariat énergétique entre les deux parties. L’énergie est un socle qu’il s’agit d’améliorer afin de permettre aux deux parties de bénéficier de tout ce qui va se faire à l’échelle internationale du fait de la problématique du changement climatique que les pays de la Méditerranée vont subir de plein fouet.

Le 11 et 12 octobre 2022, des experts se sont réunis lors du Forum d’affaires Algérie-Union européenne afin de parler de l’avenir de nos relations. Ce Forum a été l’occasion d’un échange entre les différents participants, y compris les industriels, les investisseurs et les acteurs financiers.

L’Union européenne a demandé à se focaliser sur trois axes principaux :

  • Augmenter les volumes d’importation de gaz naturel de l’Algérie vers l’UE

– Exploitation de nouveaux gisements

– Réduction des émissions de méthane et du torchage

  • Développer les énergies renouvelables

– Consommation locale

– Exportation d’énergie électrique et de produits industriels

  • Coopérer dans le domaine de l’hydrogène vert
  • Production, consommation et commercialisation de l’hydrogène vert et ses dérivés

Sans avoir la prétention de remplacer la Russie, l’Algérie peut participer à un effort international pour aider l’UE dans ce changement majeur qui a des implications importantes à court, moyen et long termes. L’Algérie est considérée par l’UE comme l’un des pays les plus ensoleillé avec un potentiel considérable dans l’énergie solaire mais aussi éolienne comme l’ont récemment présenté des études de la Banque mondiale. Sur le long terme, il s’agit plus d’un changement radical en termes de vecteurs énergétiques, soit le passage à l’hydrogène vert. Cela permet d’assurer la relation entre une fourniture à base d’énergies renouvelables et une production à base d’hydrogène vert.

Le rapprochement des positions entre les deux parties ne peut être que bénéfique. L’UE est à la recherche d’une sécurisation accrue de son approvisionnement en énergie à court, moyen et long termes tandis que l’Algérie aspire à entamer et réussir sa transition énergétique. Un partenariat productif à long terme est possible en se fondant sur la satisfaction de la demande européenne sur le court terme, la réalisation des aspirations de l’Algérie à moyen terme et le développement à grande échelle de l’hydrogène vert.

Afin de reprendre sa place sur la scène internationale, une réforme législative visant à améliorer le climat des affaires en Algérie se met en place depuis 2019 notamment grâce à une loi sur les hydrocarbures, plus favorable aux investisseurs. Les derniers contrats signés entre Sonatrach et ENI ont font partie. En 2022 a été promulgué un nouveau Code des investisseurs, auparavant jugé inattractif, avec des textes d’application et un début de mise en œuvre (mise en place d’une agence dédiée, etc.) en l’espace de 5 mois. Les projets stratégiques sont éligibles au financement international. D’autres projets de loi sont en préparation.

Actuellement, un projet d’optimisation des infrastructures gazières de l’Algérie est en cours afin de faire transiter du gaz naturel venant du Nigeria pour augmenter la sécurité énergétique de l’UE.

Un partenariat est à promouvoir, il s’agit de le rééquilibrer mais aussi de le remettre dans une logique qui permettrait aux deux parties de bénéficier de ce nouveau socle construit sur trois composantes : gaz naturel, énergies renouvelables et efficacité énergétique. Il s’agit également de s’assurer que l’Algérie soit accompagnée dans le passage d’un fournisseur d’énergie fossile à un fournisseur d’énergie verte. Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises européennes se détournent vers l’Amérique à cause de l’augmentation du prix du gaz. L’Algérie pourrait également recevoir ce type d’investissements, ce qui permettrait un développement harmonieux qui bénéficierait à toutes les parties en contribuant notamment à la création d’emplois dans nos régions et en participant à l’avenir des jeunes qui sont nombreux à partir en Europe à la recherche d’un emploi stable.

La crise qui sévit actuellement en Europe a remis en avant la relation et le partenariat énergétique entre l’Algérie et l’UE qui était un peu laissé de côté, puisque l’UE a longtemps regardé à l’Est. Il est important que l’UE regarde plus vers le Sud. L’Algérie a mis en place un plan d’urgence pour répondre à la demande accrue en gaz naturel de l’UE. Des accords ont été signés et la livraison de plus de gaz naturel est prévue dès 2023. En retour, l’Algérie demande à l’UE une assistance urgente dans sa transition énergétique.  Finalement, c’est un choix gagnant pour les deux parties, et pour la planète. Il faut repositionner la Méditerranée au cœur de relation entre l’UE et le sud méditerranéen mais aussi reconsidérer les aspirations de ce dernier, très proche de l’Europe. Aujourd’hui, une bonne partie des approvisionnements industriels proviennent de Chine, et il devrait y avoir la possibilité d’une relocalisation dans un espace euro-méditerranéen au bénéfice de toutes les parties prenantes. »

Pierre Massis : « Effectivement, il y a un vrai crantage dans le développement des énergies ou dans l’évolution des énergies en Méditerranée. Passer des énergies fossiles aux énergies renouvelables représente déjà un grand défi. Si les producteurs d’énergie fossile, dont l’Algérie fait partie, peuvent devenir des exportateurs d’énergie fossile ET renouvelable, cela signifierait en outre qu’une grande partie de la production vers la consommation interne aura été résolue. Les orateurs ont pris l’importance de cette démarche réglementaire et législative :  En UE, au Maroc ou en Algérie, la volonté politique et institutionnelle est souvent suivie d’investissements, et donc d’actions. Mais pour calibrer tout cela, encore faut-il qu’il y ait des institutions présentes et puissantes et des volontés industrielles. Malheureusement ce n’est pas le cas dans toute la Méditerranée puisque certains territoires sont en véritable situation de précarité énergétique pour des raisons diverses, et cela concerne toutes les utilisations, qu’il s’agisse de s’éclairer, de se chauffer, de cuisinier et cela concerne aussi la mobilité. »