5° webinaire Réseau-Euroméditerranée : « Regards croisés entre acteurs de la ville méditerranéenne » (1/3)

5° webinaire Réseau-Euroméditerranée : « Regards croisés entre acteurs de la ville méditerranéenne » (1/3)

5° webinaire Réseau-Euroméditerranée : « Regards croisés entre acteurs de la ville méditerranéenne » (1/3) 2560 1810 Le Réseau des Aménageurs de la Méditerranée

Nous avons le plaisir de vous communiquer, à partir d’aujourd’hui, le contenu des échanges du dernier webinaire de la série  « Regards croisés entre acteurs de la ville méditerranéenne ». Ce webinaire, qui s’est tenu le 5 juillet 2022 traitait de la thématique suivante :

« Quand le vent façonne la ville : de l’échelle urbaine à l’échelle bâtie »

Les intervenants étaient réunis pour s’interroger sur les rapports entre le vent et la ville. L’exploration de cette relation était destinée à faciliter la compréhension de la façon dont le vent continue à façonner non seulement la physionomie des cités mais aussi leur identité. Il est en effet symptomatique de la relation de l’urbain au vent d’observer comment architectes, bâtisseurs, urbanistes et paysagistes utilisent cette force invisible pour aérer, refroidir, évaporer, sécher, conserver : des tours à vent aux éco-quartiers modernes, observons comment les hommes exploitent le vent dans leur vie quotidienne.

 Si Euroméditerranée s’intéresse particulièrement à la question du vent, c’est d’abord parce que Marseille compte entre 50 et 90 jours de mistral dont la force est égale ou supérieure à 57 km/h (Relevés 2020-2022 ; Source Infoclimat pour Marignane). Le vent est ainsi une thématique qui intéresse de plus en plus l’Etablissement public, et, plus largement les acteurs de la cité phocéenne. En effet, à Marseille, le vent possède une place particulière, voire « mythique », même si, en réalité aujourd’hui, les approches se concentrent davantage à se protéger du vent qu’à en tirer profit.

A l’échelle du bâtiment et de l’habitat, des prescriptions sont établies grâce à la charte référentielle d’Euroméditerranée visant à décliner les objectifs, permettant ainsi de les appliquer dans le cadre des opérations. Des simulations permettent de mesurer et d’établir les formes urbaines les plus adaptées au vent, selon le projet, bien que des écarts entre projection et réalité demeurent. Ainsi, sur Euromed II, le mistral, vent dominant du nord-ouest, est pris en compte à l’échelle du quartier qui a été pensé de manière à tempérer l’effet du vent tout en favorisant son rafraîchissement, cela, en prenant en compte d’autres types de vent à l’instar des brises marines infiltrées au sein du quartier. Des études plus localisées sont élaborées afin d’adapter la morphologie des constructions en tenant compte de l’exposition au vent.

Cette place du vent au sein de la cité se lit en second lieu dans la composition urbaine et les formes bâties, que l’on traite l’échelle du quartier ou celle du bâtiment. Ainsi, « l’îlot ouvert » permet de traiter le mouvement du vent de manière à briser sa vitesse, favorisant le rafraîchissement des cœurs d’îlot. L’intégration des filtres végétaux contribue, quant à lui, à atténuer le passage du vent car la capacité de l’implantation végétale à atténuer ce rapport au vent est maintenant intégrée. Euroméditerranée a structuré plusieurs périmètres opérationnels comme le parc habité d’Euromed I. De plus en plus de projets prennent en compte la question de l’exposition aux vents forts, à l’échelle des îlots et des bâtiments, de manière à les façonner en fonction de leur implantation, leur forme, leur hauteur, leur porosité, etc.

Euroméditerranée cherche également à favoriser la circulation de l’air dans les logements, de manière à l’utiliser comme source de rafraîchissement pour les intérieurs, notamment à travers les logements traversants. L’épaisseur peu profonde des bâtiments participe à la circulation du flux d’air et de son passage de façade en façade. Il en va de même pour la hauteur sous plafond, qui tend -de manière très mesurée- à augmenter car elle permet d’apporter une meilleure ventilation des intérieurs, plus encore dans un climat qui s’avère de plus en plus chaud. Il reste toutefois difficile de dépasser les 2,5m en termes de faisabilité. Il est pour le moment plus aisé d’y recourir dans les immeubles du tertiaire ou dans les opérations potentiellement réversibles.

La disposition des ouvertures, encore trop peu prise en compte aujourd’hui, est également un aspect important qui permettrait de changer la donne sur notre confort intérieur. C’est particulièrement le cas des espaces mono exposés (sur une même façade) qui ne sont donc pas traversants et nécessitent des solutions alternatives afin d’avoir un intérieur ventilé. Le traitement de menuiseries, la hauteur des fenêtres, etc., sont d’autres dispositifs -de l’échelle de la conception du bâtiment à celle d’une fenêtre- pouvant apporter une plus-value à cette question de l’optimisation du vent.

Pour avancer sur ces réflexions, il est important de s’interroger sur la façon de mieux canaliser et tirer profit du vent. Il s’agit aussi de développer la question des usages, du confort dans cette interaction avec le vent, mais aussi en faire une identité géographique pour la ville, ici, pour Marseille. Comme cela a été dit, le vent est un élément fort qui caractérise Marseille dans sa culture, sa littérature, sa musique, etc. mais qui pourrait également caractériser son paysage et sa culture urbaine. Il y a donc un rapport aux usages mais aussi au jeu : le vent génère des mouvements, des sons, et peut générer des espaces ludiques pour les enfants dans les espaces publics. Comme nous avons conscience du soleil, il s’agit de pouvoir prendre conscience de cet élément immatériel qu’est le vent : il est ainsi toujours possible d’imaginer des dispositifs architecturaux à décliner pour animer l’espace public de même que des adaptations du mobilier urbain : les abris-bus, les bancs publics etc. pourraient être repensés et adaptés au vent.

Se pose enfin la question de la mise en scène et de la matérialité du vent, élément important dans le cheminement du piéton. Comment en faire un symbole d’identité urbaine qui puisse situer et orienter les usagers ? Cela nécessite une adaptation du design urbain à laquelle Euroméditerranée réfléchit. Certains exemples de dispositifs réalisés ailleurs sont très inspirants et potentiellement réplicables à Marseille, à l’instar des doubles murs ventilés ou des cheminées à vent.