Comme nous l’indiquions hier, Euroméditerranée et l’AVITEM, associés dans le cadre de l’animation du Réseau des Aménageurs, organisent le 1er avril le premier webinaire de la série « Regards croisés entre Acteurs de la ville méditerranéenne » qui se tiendra tout au long de l’exercice 2022.
Afin d’inscrire cet événement dans la dynamique initiale, nous avons le plaisir de remettre en ligne à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 31 mars l’ensemble des interventions qui ont structuré le webinaire de lancement de cette série. Celui-ci s’est tenu le 16 novembre dernier.
La démarche de ce webinaire visait à mettre en perspective la perception des référentiels et des chartes de la ville méditerranéenne durable portés par différents aménageurs méditerranéens, mais aussi des collectivités publiques et des opérateurs professionnels.
En voici la première intervention, celle de l’accueil de la session :
Intervention de Philippe Meunier, Ambassadeur et Directeur général de l’AVITEM
« Merci à tous les acteurs pour leur présence à ce webinaire croisé entre aménageurs méditerranéens destiné à repenser les infrastructures et les réseaux. L’objectif vise à fédérer les acteurs autour de la construction de la dimension vivable de la ville, de sa résilience au changement climatique, tout en assurant la compatibilité de son développement avec la protection de l’environnement. Chaque COP Climat, y compris celle qui s’est tenue à Glasgow nous invite à une telle démarche. Durant le printemps dernier, l’AVITEM a organisé des webinaires sur la gestion des ressources en Méditerranée, et cela s’est traduit par des réflexions avancées sur l’innovation, l’énergie, l’eau et les déchets.
Les 3emes Journées de l’Agriculture urbaine en Méditerranée, co-organisées par l’AVITEM également en novembre, se sont aussi inscrites dans cette dynamique. En effet, nous savons que la création d’espaces verts variés à fonctionnalités multiples et en nombre suffisant est cruciale dans le nouveau contexte de réchauffement climatique et de crise sanitaire que nous traversons. De son côté, le congrès de l’UICN qui a tenu sa dernière session à Marseille l’été dernier a également souligné l’importance des solutions fondées sur la nature dans l’espace méditerranéen.
Avant de passer la parole à Agnès Rampal, présidente de l’AViTeM, adjointe au Maire de Nice et vice-présidente de la Métropole Nice-Côte d’Azur, je voudrais terminer mon propos par deux messages exigeants mais qui me semblent essentiels à prendre en compte dans nos travaux et dans les conclusions que tirera Jean-Charles Lardic, Directeur de la prospective à la Ville de Marseille :
- la première orientation concerne les constructions, qui elles-mêmes devraient revisiter le triptyque classique béton-verre-acier aujourd’hui trop largement répandu. Cette question se pose dans le monde entier, mais aussi dans sa dimension méditerranéenne. Rappelons-nous que quand la France, qui présidait en 2015 la COP21, avait lancé une alliance mondiale (Global ABC) pour des bâtiments basse consommation et basse émission, il était prévu que cette innovation fasse progresser de manière globale ce sujet. Comment appliquer cette innovation technologique en Méditerranée ? Nous pouvons peut-être nous souvenir de certains procédés antiques tels que les ciments romains, constitués sur la base de granulats issus de scories volcaniques, « les pouzzolanes », lesquelles se trouvaient naturellement aux alentours du Vésuve. Ce procédé antique, jadis beaucoup utilisé dans la Rome antique, est aujourd’hui examiné avec la plus grande attention par les plus grandes Universités : on lui attribue en effet pour partie la résistance exceptionnelle du mortier des ouvrages de la Rome antique. Il est donc essentiel de conserver cette méthodologie qui consiste à regarder de très près les nouvelles technologies applicables à la Méditerranée sans oublier les procédés qui ont fait leurs preuves et qui méritent d’être réexaminés ;
- le deuxième message est plus horizontal et consiste à dire que derrière les aménageurs et les constructeurs, il y a les pouvoirs publics territoriaux, les collectivités territoriales. L’exigence de réussite de ce que nous souhaitons réaliser en Méditerranée est aussi de la responsabilité des pouvoirs publics territoriaux. Celle-ci dépend notamment du principe de décentralisation, du renforcement de leurs capacités et de leur volonté à inviter la société civile dans les actions à projeter ainsi qu’au cœur des projets qui sont développés. Ce processus doit s’accompagner d’un transfert de ressources permettant de garantir l’autonomie et les capacités financières de ces collectivités, pour leur donner la possibilité, en tant que territoires méditerranéens, de réaliser leurs missions d’intérêt général.