Webinaire 2 : L’énergie en Méditerranée, résilience urbaine et solutions innovantes – AViTeM (12/12)

Webinaire 2 : L’énergie en Méditerranée, résilience urbaine et solutions innovantes – AViTeM (12/12)

Webinaire 2 : L’énergie en Méditerranée, résilience urbaine et solutions innovantes – AViTeM (12/12) 1365 767 Le Réseau des Aménageurs de la Méditerranée

Après la partie dédiée aux solutions territoriales en Méditerranée, nous poursuivons aujourd’hui la vision que procure l’expertise entrepreneuriale, avec, en conclusion, une solution innovante basée sur une observation très fine des besoins du terrain.

Nous poursuivons donc les présentations de la dernière session d’interventions du second webinaire, qui s’est tenu le 29 avril dernier autour de la ressource énergétique en Méditerranée.

Pour mémoire, le webinaire du 29 avril est le second d’une série de quatre, destinés à traiter de la rareté de ressources emblématiques de la Méditerranée, mais aussi des solutions, traditionnelles comme innovantes, qui s’appliquent à la recherche, à la conservation et à une gestion optimisée de celles-ci. Les trois ressources que l’AVITEM a décidé d’examiner sont l’eau, l’énergie et les déchets et, parmi les solutions, notamment celles qui feront l’objet du quatrième webinaire (le 1er juillet), celles qui ont principalement recours à la basse technologie. 

Intervention de Julien Fernandez : Solidarlink, start-up surveillance des installations photovoltaïques

Bonjour, je viens vous présenter une initiative qui est proche d’une entreprise d’économie sociale et solidaire (ESS) et qui en est à ses premières étapes. Vous aurez donc compris que je vais vous exposer des actions qui n’en sont qu’à leur début, actions que j’ai commencé à développer pour donner suite à une dizaine d’années de carrière dans le photovoltaïque, connecté aux réseaux. J’ai fait une centaine d’installations en Corse et j’ai vécu au Sénégal. J’avais très envie de savoir comment ça se passait dans les installations communautaires, c’est à dire celles qui vont alimenter les écoles, les dispensaires et les pompages d’eau sur les pays qui sont en voie d’électrification, comme en Afrique noire ou en Amérique latine.

Comme le présentait Madame Le Ster, le monde de la lumière a été investi par les sociétés privées, Lagazel faisant partie de ces très belles aventures. Il y a également des micro-réseaux qui vont alimenter les particuliers et qui sont aussi en train d’être investis par les sociétés privées, aidées par des subventions étatiques, européennes ou autres. Cependant il reste une partie du monde de l’électrification rurale qui est encore le fief des ONG et ce sont souvent des installations communautaires qu’il me semble important de soutenir.

Le constat de SolidarLink est relativement simple : les ONG sont extrêmement performantes dans la phase de développement et les bailleurs de fonds se sont habitués au développement de cette phase par ces types d’acteurs. En revanche, la phase d’exploitation et la maintenance restent un peu les parents pauvres de ces projets. Nous constatons et nous estimons, car il y a très peu de données sur le sujet, que 60 à 80% des installations ciblées sont aujourd’hui « off », avec une durée de vie technique qui va osciller entre 2 et 4 ans alors qu’une installation solaire c’est plus de 20 ans de durée de vie et 99% de taux de disponibilité. L’un des enjeux également en termes de maintenance, c’est la surveillance à distance étant donné que ce sont des installations passives, sans bruit, sans objet mécanique, ce qui fait qu’il n’y a que la surveillance des composants électroniques qui permet de connaître l’état du système. Du fait que dans la réalité, la plupart des installations de ce genre ne sont pas supervisées, nous nous retrouvons avec des installations qui vont se détériorer sans que personne ne soit au courant.

Le projet SolidarLink s’articule ainsi autour de 3 composantes assez logiques au vu des problématiques auxquelles fait face le secteur du photovoltaïque :

1° la surveillance à distance, qui est la base de toute maintenance sur n’importe quelle installation photovoltaïque ou même mécanique. Aujourd’hui cette surveillance sur les produits existants est limitée soit à des installations premium, soit avec une complexité technique qui est tellement importante que les ONG ne sont pas capables de porter cette phase et de traiter les datas qui vont avec. Il y a donc toute une gamme d’expertise et d’outils à développer à destination de ces populations dans ce contexte, avec la robustesse nécessaire pour résister aux conditions environnementales (température, sable, …) ;

2° notre monde a été transformé par toutes ces applications que l’on a sur notre téléphone portable, qui sont en fait des annuaires ++, n’importe quel service aujourd’hui ayant été numérisé, cartographié et complété d’ergonomie. Ce dont nous nous rendons compte, c’est qu’il y a des ONG qui agissent sur le terrain et qui ne sont pas au courant qu’à 5 km à la ronde il y a d’autres ONG, d’autres projets qui ont les mêmes problématiques de terrain et de maintenance. Et inversement le secteur photovoltaïque maintient une forte croissance dans tous les pays, mais le potentiel de marché n’est pas numérisé. Cela signifie que si l’on souhaite se lancer dans un business sur le secteur du photovoltaïque, il est difficile de savoir qu’à la ronde il y a des centaines d’installations, puisqu’il n’y a aucun accès à ces données. Passer par une phase de numérisation et de mise en relation entre des besoins de maintenance, d’installations ou de « retrofit » à travers une plateforme type application Android, c’est l’un des points fondamentaux selon moi pour développer un marché local qui est actuellement bloqué par cette absence de données ;

3° les bailleurs de fonds sont aujourd’hui très partants pour participer à des projets de développement à partir de 30 ou 40 000€. Mais si vous leur demandez « seulement » 500 € pour réparer quelque chose, ils en sont incapables pour diverses raisons juridiques, techniques, légales ou autres. Il apparaît donc essentiel de fournir ou de valoriser de nouveaux outils qui existent comme le crowdfunding ou d’autres moyens à créer pour mobiliser des petites sommes d’argent rapidement sur des comptes en banque, et qui ne sont pas en €. Cela permettrait de débloquer ces financements et de mutualiser sous une forme assurantielle le financement d’un parc de maintenance suffisamment grand pour ces installations.

C’est en croisant et en combinant ces 3 piliers que nous trouverons des solutions appropriées. À ce jour, SolidarLink en est à la phase numéro 1, celle qui concerne la surveillance à distance. Cette action se traduit par la conception d’un boîtier disponible sur site, de type compteur intelligent avec des particularités déterminées en fonction des installations qui sont visées. Puis, s’y adjoint une plate-forme web qui va se spécialiser dans des indicateurs simples de compréhension, contrôlés à distance par des ONG et des techniciens.

Superviser ces installations à distance permet d’être informé directement lorsqu’une panne survient et permet de continuer à créer du dialogue avec les interlocuteurs de terrain. En conséquence, la technique ici va permettre de créer du dialogue là-bas, alors que nos interlocuteurs ne vont pas obligatoirement avoir la capacité d’aider à distance, au regard de la complexité des dispositifs et des appareils installés. Vis à vis des bénéficiaires, il s’agit aussi de faire évoluer les installations solaires quand elles arrivent en fin de vie, de tenter de comprendre si telle installation était bien adaptée aux besoins et si elle peut recevoir d’autres évolutions techniques pour s’adapter en fonction de ses utilisateurs. Pour les bailleurs de fonds, ce sont des preuves quantitatives de la pérennité des projets, ce sont aussi des consolidants de marché qui n’existent pas aujourd’hui puisque, je le redis, il y a très peu de données sur ce sujet-là actuellement. Pour les ONG, c’est une forme de continuité des projets, puisque ces dernières ont des mouvements, comme n’importe quelle entreprise, et que de nombreuses choses reposent sur une relation très forte dans la phase de développement entre les chefs de projets d’ONG et les chefs de projets locaux. Lorsque ces personnes-clés changent, la pérennité de l’installation est mise en défaut, la rupture de la relation humaine risquant d’entrainer la fragilité du projet.

Le but de cette phase initiale consiste à supprimer toutes les complexités opérationnelles liées habituellement à la supervision à distance et de permettre de superviser tous types d’installations et pas seulement les installations premium. J’en suis actuellement à la phase de prototype, vous pouvez voir à l’écran (diapo page 7) que cela n’a rien de magique mais permet de bien mettre en évidence que sa conception est relativement facile et adaptée au terrain. Le sujet actuellement consiste à tester ces boîtiers sur le terrain avec une offre de prêt afin de stabiliser cette partie technique, montrer les bénéfices de la supervision et, progressivement, mettre en place ces différents boîtiers dans plusieurs types d’installations et de communautés. Tout cela en vue de co-construire avec les ONG partenaires, en fait avec l’ensemble des acteurs qui souhaitent s’impliquer, cette nouvelle base de données d’information et cette nouvelle expertise.

Pierre Massis : Modérateur 

Merci beaucoup Mr Fernandez. Ce qui est innovant, de ce que j’ai compris dans votre solution, réside vraiment dans cette capacité à mettre en phase les utilisateurs, les bénéficiaires, les techniciens locaux et ceux qui ont conçu le projet en quelque sorte.

Ce dispositif se déploie dans les écoles, les dispensaires, les stations de pompage et ma question se situe sur les autres possibilités de ce dispositif. Est-ce que cela peut concerner des fermes un peu plus élaborées ? Parce qu’à partir du moment où nous avons cette énergie solaire et ce dispositif qui permet de sécuriser l’ensemble, est-ce que nous pouvons imaginer de le développer sur des sujets ou sur des objets qui soient plus consistants et qui touchent à l’industrialisation ?

Julien Fernandez : Solidarlink, start-up surveillance des installations photovoltaïques

L’expertise qui est liée à cela rend cette approche tout à fait réalisable, mais ce n’est pas l’objectif que nous poursuivons. Toute une partie de l’électrification rurale passe par le secteur privé, avec ses systèmes, ses utilisations, ses produits. Pour notre part, nous nous focalisons sur les installations communautaires qui sont actuellement un peu le parent pauvre de l’électrification rurale et c’est vraiment à ce niveau-là qu’il semble nécessaire et utile de créer de la valeur.

Pierre Massis : Modérateur 

Finalement vous bouclez un peu avec l’autonomie en fin de compte ?

Julien Fernandez : Solidarlink, start-up surveillance des installations photovoltaïques

En effet, et puis après quand vous vous promenez dans la brousse, vous voyez toutes ces installations qui ne fonctionnent pas, le plus souvent en raison de problématiques techniques pourtant tout à fait solubles. Il y a vraiment des choses à faire à ce sujet-là et pour l’instant je reste focalisé là-dessus.

Pierre Massis : Modérateur 

Sans perspective de rentabilité à ce stade ?

Julien Fernandez : Solidarlink, start-up surveillance des installations photovoltaïques

Exactement. Pour l’instant, la start-up n’a aucune perspective de rentabilité, sachant qu’il y a tout de même un business model qui a été développé autour de cette supervision et qu’il n’en est qu’au début. La perspective de rentabilité initiale nécessite un peu de fonds starter qui peuvent venir d’appels d’offres venant de gros organismes de développement d’électrification rurale et qui permettraient d’atteindre un premier seuil de rentabilité autour d’une centaine de boîtiers supervisés. Actuellement j’en suis à une dizaine mais cela va peu à peu augmenter.

Pour prendre connaissance du support de présentation de J. Fernandez, c’est par ici