Du 7 au 10 décembre 2021, l’AVITEM était à Antalya pour la 22ème Conférence des Parties contractantes à la Convention de Barcelone (COP 22).
Retrouvez ci-dessous et hier le récit de ces 4 jours de travail collaboratif entre délégations méditerranéennes, programmes onusiens, agences de coopération, acteurs privés et associations.
Jour n°3 – 9 décembre 2021
En ce troisième jour devait se dérouler la session ministérielle. Ainsi, c’est M. Murat Kurum, Ministre de l’Environnement, de l’Urbanisme et du Changement climatique de la République de Turquie, pays hôte de cette COP 22, qui a ouvert les discussions de ce jour.
Ce dernier a, dans un premier temps, souhaité rappelé que la Méditerranée demeure le berceau de civilisations majeures, accueille une biodiversité faste et compte aujourd’hui sur ses rives 21 pays où résident plus de 500 millions d’hommes et de femmes. Dans un deuxième temps, il a rappelé les 4 menaces auxquels doit faire face le bassin méditerranéen et ses habitants : le réchauffement climatique, le terrorisme, les migrations de masse, ainsi que la pandémie actuelle. Enfin, M. Kurum a évoqué les conséquences du réchauffement climatique déjà remarquable en Turquie, tels que les incendies et les inondations qui ont frappé le pays un peu plus tôt dans l’année.
La matinée a continué avec l’intervention de Mme Joyce Msouya, Directrice exécutive adjointe du PNUE, puis ce fut au tour des jeunes élus d’Istanbul, lors des manifestations de la jeunesse, de venir présenter à l’Assemblée leurs vœux pour le développement durable et la préservation de la Méditerranée. Ils étaient trois à représenter la jeunesse méditerranéenne, originaires de Turquie, d’Espagne et d’Egypte, dans l’ordre de leur prise de parole. Parmi les souhaits émis, on trouvait la volonté d’établir un conseil permanent des jeunes en Méditerranée, le besoin d’accompagner les actions et les entreprises des jeunes méditerranéens car, comme ils le rappellent, « nous avons la volonté d’agir mais pas la possibilité » faisant ainsi référence à l’ensemble des freins à l’action caractéristiques de la jeunesse (manque de finances, de formations, etc). À noter aussi le vœu de renforcer les programmes d’échanges entre pays, en vue de renforcer l’identité méditerranéenne et la connaissance de ceux qui partagent la même mer.
Ensuite, Mme Tatjana Héma, coordinatrice du PNUE/PAM, a présenté les actions entreprises en faveur de l’environnement au cours du mandat précédent. Ce sont ensuite succédés un responsable du Secrétariat de l’ONU qui a tenu à rappeler le danger de l’acidification des océans et la Secrétaire Exécutive du CBD (Convention on Biological Biodiversity), Mme Elizabeth Maruma, qui a insisté sur le besoin de s’engager urgemment. Puis, Mme Anna Pirani de l’IPCC, est intervenue pour alerter l’Assemblée en citant la nouvelle étude produite par cette organisation notamment concernant la hausse du niveau des mers, variable en fonction de la hausse des températures. Ainsi, 2° de plus entrainerait une hausse de 6 mètres, et 3° une hausse de 24 mètres.
L’après-midi était destiné en premier lieu à la remise du prix Istanbul des villes respectueuses de l’environnement, dans le cadre de sa 3ème édition, à la ville espagnole de Malaga.
L’après-midi s’est poursuivie par l’intervention des délégations de chaque pays ou groupe de pays. Nous avons relevé l’allocution de l’UE qui a soutenu le besoin de faire passer un message fort rappelant que tous les pays avaient le devoir de se montrer exemplaires dans la lutte face au réchauffement climatique. L’UE a été par ailleurs l’une des seules délégations à valoriser le lien nécessaire entre la préservation de l’environnement, la justice sociale et la lutte contre toutes formes de discriminations, de genre comme ethnique.
La délégation française quant à elle, a d’abord rappelé qu’au sein du bassin méditerranéen la biodiversité affiche un déclin de 40% et qu’il faut prendre des mesures pour y remédier en s’appuyant notamment sur les solutions fondées sur la nature. La France a également souhaité rappeler le lancement du PAMEx, le Plan d’Action pour une Méditerranée Exemplaire, lors du Congrès mondial de la Nature de Marseille en septembre dernier, s’inscrivant ainsi dans la dynamique de l’UE qui consiste à montrer l’exemple au reste du monde. Ce plan d’action s’appuie pour cela sur 4 engagements centraux qu’il convient de lister :
- Préserver la biodiversité marine
- Gérer durablement les stocks de poissons
- Lutter contre la pollution et particulièrement la pollution plastique
- Promouvoir un transport maritime durable.
Enfin la France a conclu son allocution en mentionnant la très prochaine Présidence française de l’UE et en s’engageant sur un mandat centré sur la préservation de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique. À noter aussi dans le discours français, le rappel de la tenue du Forum des Mondes méditerranéens qui se tiendra en février à Marseille.
Enfin la journée s’est conclue avec la présentation de la déclaration ministérielle d’Antalya (lien) par le secrétariat du PNUE/PAM. Le budget pour l’exercice biennal 2022-2023, s’établit pour sa part à un engagement total de près de 15 millions d’euros.
Jour n°4 – 10 décembre 2021
Ce 4ème et dernier jour de la COP 22 a démarré par l’annonce du pays hôte précisant que la prochaine COP se tiendra en 2023. Ainsi, la COP 23 se déroulera en Slovénie, dont la candidature a été, pendant un court instant, en concurrence avec celle de l’Égypte. Toutefois, dans une démarche de compromis, la délégation égyptienne a annoncé son soutien à la candidature slovène dans la mesure où l’Assemblée lui confirmait l’organisation et l’accueil de la COP 24. Pour résumer, la COP 23 se tiendra en Slovénie en 2023 et la COP 24 en Égypte en 2025.
Ces décisions prises, il fut temps de revenir sur les projets de propositions afin de les adopter et d’en faire des décisions. Ces projets de propositions avaient déjà été analysés, et pour certains ajustés, compte tenu des interventions des parties prenantes. La grande majorité des projets de propositions a été adoptée sans la moindre remarque des parties contractantes.
En revanche, le projet de propositions IG.25/4 portant sur « les études d’évaluation » a été désavoué par la délégation égyptienne, celle-ci précisant que la présence d’une carte sur la production de pollution azotée mettait en évidence la responsabilité principale de l’Égypte sur cet aspect. Selon la délégation égyptienne, cette carte présenterait des données erronées. Cette remarque figurera dans le rapport et l’Égypte fournira des informations récentes en ce qui concerne la pollution azotée qui viendront rectifier et mettre à jour ces données.
Le projet de propositions IG.25/14 a été lui aussi contesté par l’Égypte, la délégation égyptienne faisant part de son souhait de rejoindre l’annexe 6 de MARPOL, à l’exception toutefois du Canal de Suez et de sa zone d’attente. L’Union Européenne a rebondi sur cette demande, en rappelant qu’elle avait souhaité quelques jours plus tôt que cette volonté de la délégation égyptienne soit accompagnée par une carte. L’Égypte a validé cette demande de l’UE.
Après avoir adopté l’ensemble des projets de propositions, qui sont devenus à ce moment-là des décisions de la COP 22, le rapport a lui aussi été soumis à l’analyse des parties contractantes. Les discussions furent peu nombreuses, seuls quelques échanges entre la délégation égyptienne et la délégation de l’UE amenant à des modifications du rapport. Toutefois ces échanges ne portaient sur rien de remarquable, essentiellement sur la forme de ce qui était rapporté.
La COP 22 s’est conclu aux alentours de 18h, heure d’Antalya, par les mots du Président du bureau et sur une analogie concernant la longévité de la tortue Caretta Caretta, emblème de cette COP 22. Selon les propos du Président, cette dernière vivrait longtemps car « elle dort beaucoup, elle ne mange pas de viande, elle ne provoque pas de conflit qui la mettrait de mauvaise humeur et elle vit sur le mode de la lenteur ».
Une invitation à la sobriété et à la modération sans aucun doute.
Rédaction Julien GENTOT