Le vendredi est également une journée dédiée, jusqu’à la fin (maintenant très proche) de notre publication, des interventions qui ont été délivrées par les orateurs lors du webinaire AVITEM-DAECT du 6 novembre dernier.
Aujourd’hui, nous présentons la seconde intervention de la troisième et dernière session de cette journée qui traite de « La crise sanitaire est-elle un facteur de renforcement de la coopération entre plateformes portuaires ? (2/3)
L’intervenant est M. Philippe Guillaumet, Directeur des projets européens et internationaux au Grand Port Maritime de Marseille-Fos.
Idée 1 : L’idée de coopération est, dans les faits, souvent associée à une certaine crainte concernant tantôt la diffusion des informations, des savoirs ou des techniques, tantôt le temps passé à organiser cette coopération. « La coopération est devenue une activité du week-end ». En réponse à cette série d’arguments, il apparait bien que le temps passé à coopérer économise le temps perdu dans la compétition féroce entre ports. Cette association de principes et d’actions permet aussi de gagner rapidement en compétitivité vis à vis d’autres concurrents, positionnés au Nord de l’Europe et qui sont beaucoup plus importants.
La Méditerranée a également un sérieux besoin d’augmenter sa visibilité au niveau mondial. Les acteurs portuaires régionaux peuvent y aller en ordre dispersé, mais cette action de promotion peut également être gérée de façon collective. La représentation collégiale est fondamentale et la participation des acteurs locaux du transport maritime à la vie internationale devrait permettre de porter une voix méditerranéenne. Il est important de rappeler que chaque acteur méditerranéen, notamment portuaire, porte une responsabilité individuelle en matière de travail collectif.
Idée 2 : En premier lieu, la coopération bilatérale reste relativement aisée, et le port de Marseille est bien placé pour en parler avec sa série d’accords bilatéraux, dont le dernier en date est l’accord de coopération avec le port de Montréal. On trouve de nombreux sujets dans ce traité, tels que des échanges de meilleures pratiques, mais aussi la volonté de développer du business et d’organiser des rencontres entre acteurs du transport maritime. L’intérêt de la collaboration, pour les acteurs portuaires, n’est pas de « vendre » des activités, mais plutôt de faire se rencontrer les opérateurs économiques à l’intérieur de l’espace portuaire. En revanche, l’échec de la coopération bilatérale est souvent la résultante d’un manque de contenu concret dans cette coopération, sous peine de rester au niveau de l’intention. Dans l’accord avec Montréal, les deux opérateurs ont veillé à inscrire des projets tangibles et une feuille de route pour la prochaine année qui arrive.
A cet égard, les exemples de gains générés par les processus de coopération sont nombreux comme le prouve celle qui a été engagée entre Seattle et Tacoma, traditionnels compétiteurs, qui ont décidé de créer une alliance. Celle-ci a lancé la programmation de leur développement concerté, avec des résultats probants en termes de croissance et de positionnement, qui est devenu excellent dans le paysage portuaire américain.
Un autre exemple entre Busan et le port de Barcelone, qui développe une zone logistique sécurisée pour tous les acteurs de chacun des ports. Les autorités portuaires portent avec elles les acteurs de leurs territoires.
Idée 3: La formation de clusters portuaires est un autre niveau de collaboration et il concerne souvent les ports de taille moyenne. Ce système de coopération n’est pas forcément un choix volontaire des acteurs, mais est souvent guidé par le marché. Dans le cas du port du Pirée, on observe la clusteurisation d’un port qui va permettre à un armateur de redistribuer ses conteneurs sur un espace beaucoup plus grand.
Idée 4 : Le dernier niveau de coopération est celui qui est porté par les associations régionales, avec la recherche concrète de bénéfices réels et partagés. La taille de représentation de l’association est essentielle pour déterminer son rôle et son impact. Dans cette perspective, la MedPorts association, créée en 2018, représente à peu près 70% du trafic en Méditerranée, dans plus d’une vingtaine de ports. Si l’on revient aux bénéfices apportés par ce dispositif, au-delà du plaisir de se rencontrer, l’outil associatif est garant en premier lieu du partage de savoir dans le cadre de séminaires de travail.
Par exemple, après la tragédie du 4 août, le port de Beyrouth est à la recherche d’idées, de meilleures pratiques, d’expériences, données par les autres ports pour se reconstruire. Les prochains exercices de brainstorming de la MEDports association débuteront la semaine prochaine pour que chaque port participe à la création de connaissances.
MEDports est une association active parce qui se dote de réalisations très concrètes. Parmi celles-ci, on peut citer la création d’un séminaire de formation pour les jeunes cadres de l’association, activité qui associe la formation à la mise en réseau. De nombreux événements sont également organisés afin d’animer et de renforcer le réseau : brainstorming sessions, MEDports coffee, participation aux événements des partenaires tels que l’AVITEM, etc. La MEDports association continue à interroger ses objectifs afin de rendre son action de coopération encore plus efficace. Cette interrogation sera au cœur des thèmes des prochains rendez-vous de l’association.
Pour avoir accès à l’intégralité de la présentation PPT de Philippe Guillaumet, c’est en suivant ce chemin.