Les pays méditerranéens qui disposent seulement d’ 1% des ressources en eau douce du globe, rassemblent plus de la moitié de la population “pauvre en eau” (pays disposant en moyenne de moins de 1000 m³/hab/an). Dans de nombreux pays méditerranéens, les prélèvements en eau approchent l’ordre de grandeur des ressources disponibles alors que la croissance démographique et les mutations économiques suscitent des pressions toujours plus fortes sur la ressource. Pour ne prendre qu’un exemple, l’Afrique du Nord, avec 5% de la population mondiale ne dispose que de 1% des ressources mondiales en eau. Cette inégalité originelle est aggravée par une gestion de la ressource qui, dans bien des cas, se révèle désastreuse. Avec des écarts de 1 à 5 en matière de productivité selon les modes d’irrigation mis en œuvre, on comprend bien que l’équation de l’eau se révèle, trop souvent, impossible à résoudre dans les conditions actuelles.
Pour rappel, le Plan Bleu énonce ces chiffres-clés :
- La Méditerranée regroupe 60 % de la population mondiale dite « pauvre en eau », disposant globalement de moins de 1000 m3/hab/an
- 20 millions de Méditerranéens sans accès à l’eau potable, notamment dans les pays au Sud et à l’Est de la Méditerranée
- 47 millions de Méditerranéens sans accès à un système d’assainissement adéquat
- 80 millions de Méditerranéens en situation de « pénurie » (moins de 500 m3/hab/an) à l’horizon 2025
- L’irrigation, secteur dominant de consommation dans la plupart des pays méditerranéens, soit 60 % des quantités d’eau totales utilisées, mais 82 % au Sud
Avec le changement climatique accéléré, la fin de l’abondance du précieux liquide atteint (enfin) la rive nord de la Méditerranée. Il devient plus urgent que jamais de regarder vers le sud et d’identifier les pratiques vertueuses déjà en œuvre depuis de longues années. Au sud, le temps où les « experts », en grande majorité des « modernistes » pour qui le développement est synonyme de « maîtrise » totale de la nature et de toutes ses ressources est révolu (lire à cet effet l’excellent papier du professeur Habib Ayeb, du Social Research Center à l’Université Américaine du Caire, 2011 : c’est par ici).
Soucieuse de restituer cette actualité méditerranéenne et dans le droit fil de ses réflexions antérieurs sur l’eau, l’énergie et le Nexus qui les associé étroitement, l’AVITEM est en train d’organiser un webinaire traitant de la relation eau-énergie ou comment ces deux ressources sont inextricablement liées. Ce webinaire devrait se tenir le mardi 24 octobre et sera co-organisé avec le soutien de l’honorable Professeur Mohamed Sinan, en lien avec l’Institut Méditerranéen de l’Eau.