Chapitre 5: Le Pilote
Avec enfin un bateau, une équipe et des écoles, le moment est arrivé d’essayer le concept en format réduit, de tester comme bons architectes, en « maquette ». Car avant de lancer l’équipe dans un projet long, il nous paraissait essentiel de vérifier 3 choses :
- Comment se passent des traversées en haute mer avec un équipage, les Compagnons de la Méditerranée, non professionnel. Donc toute la dynamique en mer, avec le capitaine et son second, entre les membres d’équipage, avec la mer et son caractère imprévisible…
- Comment se passent les activités à terre, avec les établissements scolaires des différentes villes et leurs cultures différentes, les partenaires locaux très différentes les uns des autres, les horaires, la logistique au port…
- Comment se passe la communication entre mer et terre, entre l’équipe du projet à Marseille et l’équipage en mer. Que se passe-t-il lorsque qu’il y a des changements à faire, lorsque qu’il y a des problèmes à bord ou même à quai ?
Nous avons donc décidé que ce pilote se ferait entre 3 villes et sur un mois, ce qui devrait permettre de tester tout cela sans rentrer dans une échelle trop complexe.
Les 3 villes ont été sélectionnées afin de permettre une navigation de 2-4 jours à chaque fois, de réaliser un parcours circulaire et de disposer de contacts locaux déjà suffisamment engagés pour soutenir la mise en œuvre. Ce fut le cas de Marseille, Barcelone et Bastia.
Nous avions prévu que les 5 Compagnons de la Méditerranée viennent des 3 villes mais nous avons dû limiter nos attentes pour ce pilote faute de candidatures adaptées et il n’y avait personne de Barcelone. Par contre ce fut finalement un équipage uniquement féminin ! A part Stéphane, le capitaine du bateau la Grande Zot et son second, nous avions à bord 5 jeunes femmes : Morgane, Adèle, Noura, Ambre et Mathilde. Toutes venant de parcours très différents comme l’anthropologie, les sciences politiques, la littérature, la biologie marine et les études arabes.
Après une formation très intense de 2 semaines, pendant laquelle l’équipe a pu expérimenter la navigation dans la rade de Marseille, apprendre les premiers secours et surtout travailler la méthodologie pédagogique spécifique, les activités avec les élèves de Marseille ont commencé le 23 mai, au quai d’honneur du Vieux port, où la magnifique goélette Grande Zot avait accosté. Le bateau hissa bientôt les pavillons marins préparés par les élèves marseillais pour leurs camarades catalans.
Puis ce fut le départ tant attendu vers Barcelone, une traversée qui n’allait pas être de tout repos car la météo n’était pas si clémente. Effectivement le bateau rencontra dès son entrée dans le Golfe du Lion des vagues de 3 mètres, suivies ensuite par l’apparition d’un groupe de dauphins et enfin d’une magnifique baleine peu avant l’arrivée à Barcelone. Quelle aventure !
Après avoir accostés au Port Vell de Barcelone, face aux fameuses Ramblas, l’équipage eu besoin d’un moment de repos bien mérité avant d’attaquer les ateliers pédagogiques en partenariat avec le Musée maritime de Barcelone. Pendant 2 jours, les élèves du collège Hatikva et de l’Institut El Bosc de Montjuïc participerent à différents ateliers, autant sur le bateau, à quai, qu’au musée partenaire. Des moments très intenses, comme par exemple quand Rayane, élève du Bosc, nous amena un drapeau algérien en nous demandant d’en faire cadeau à un élève de là-bas quand nous y serons, avec un message personnel de sa part. Les élèves étaient très impliqués, profitant pleinement de l’opportunité de dialoguer sur des thèmes d’identité et de vivre-ensemble, de Méditerranée.
Puis ravitaillement et préparatifs pour la 2ème traversée, vers Bastia ! Après avoir patienté quelques jours afin d’avoir une « fenêtre météo » favorable, celle-ci fut moins mouvementée que la première et permit à l’équipage de réfléchir à bord sur les améliorations possibles des ateliers pour cette nouvelle étape.
Les ateliers eurent lieu les 13 et 14 juin au port de Bastia, sous un magnifique soleil et avec des élèves des collèges locaux Montesoro et Vinciguerra. Cette fois l’un des thèmes travaillés fut la pollution plastique en Méditerranée, sur lequel l’association locale Mare Vivu travaille plus spécifiquement. Le maire de Bastia Pierre Savelli nous fit l’honneur de partager la deuxième journée d’activités au port.
Et enfin, le retour vers Marseille arriva, cette fois avec non seulement le beau temps mais aussi le vent nécessaire pour faire avancer la Grande Zot dans la bonne direction… Et en moins de 3 jours pleins de péripéties pendant lesquels le bateau pu même faire un mouillage, nous dépassions la Baie des Singes pour entrer dans l’époustouflante rade de Marseille.
Après l’accueil et le débarquement, c’était maintenant le moment de débriefer sur tout ce qui s’était passé en 4 semaines, dont le résumé ci-dessus ne peut donner qu’un trop bref aperçu. Nous étions bien heureux d’avoir pu faire ce test et d’avoir maintenant l’opportunité d’améliorer différents aspects avant la prochaine, et plus longue, expérience.
A suivre !
DAVID STOLERU