Dans la continuité de ce que nous vous avons présenté il y a quatre jours, nous avons le plaisir de vous communiquer la suite des propos échangés lors du dernier webinaire de la série « Regards croisés entre acteurs de la ville méditerranéenne ». Ce webinaire, qui s’est tenu le 23 novembre 2022 traitait de la thématique suivante :
« Densités urbaines en Méditerranée »
Nous vous rappelons qu’il vous est possible de retrouver l’intégralité des échanges de ce webinaire (des précédents et des suivants) sur la chaine You Tube du Réseau des Aménageurs de la Méditerranée. Le webinaire du 23 novembre est à retrouver en suivant ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=5EWUH4q3hm4&t=4s
Youssef Tohme – Fondateur, associé et architecte ; Youssef Tohme Architectes et Associés
Comment réagir à la densité ? On ne peut plus réfléchir aux villes, quelles qu’elles soient, de manière « universelle ». Au bord de la Méditerranée, il y a des limites à la façon d’habiter, qui interrogent la manière de vivre dehors, comment avoir le ciel, le soleil, le vent…. Il s’agit avant tout de replacer l’habitant à l’intérieur de ce logement. À partir de là, on peut commencer à discuter de la densité.
Au Liban, les montagnes longent la mer et les villes sont généralement sur la côte. Si on veut densifier les villes, la montagne vient en confrontation avec cette côte-là. Le problème qui en résulte est l’étalement sur les montagnes. Que faire de ces montagnes ? Au Liban, la mer et la montagne sont les seuls patrimoines qui nous restent, puisque nous n’avons pas su conserver le patrimoine bâti. Dès lors que l’on s’étale dans la montagne et que l’on abîme ce paysage, nos montagnes tombent en ruines. Il faut trouver une solution. Il faut donc effectivement trouver un moyen de densifier la ville.
La photo ci-dessus montre la ligne d’horizon de Beyrouth dessinée par la hauteur des bâtiments en bord de mer. J’ai eu affaire à cet immeuble, petit triangle au bord d’une rue. Après la guerre, toute cette zone a eu un coefficient d’occupation du sol (COS) plus élevé, entraînant la nécessité de construire en hauteur.
Comment vivre le paysage, le rapport à la rue, comment vivre au Liban ? Beyrouth, malgré un beau temps, est une ville très bruyante. Ce petit triangle, épargné du bruit tout en étant lié à la rue, instaure une certaine intimité. Grâce à une structure participative, les gens ont commencé à habiter comme ils le souhaitent. L’immeuble simple a un noyau central avec un plan libre au milieu. Le promoteur proposait initialement la vente d’un plateau complet, d’un demi-plateau, d’un duplex, etc. mais cela ne change rien au niveau du gabarit des façades extérieures, tandis qu’on le vit complètement différemment de l’intérieur.
Cela permet un côté de rue où la végétation côtoie les immeubles tout en gardant une intimité. Le côté droit de l’immeuble donne une vue sur la mer, une partie des habitations (séjour, cuisine…) est ainsi en relation avec l’extérieur. Les trois façades de l’immeuble réagissent à une manière de vivre, au climat, à un paysage. L’urbanisme « libéral » engendre des tours montant assez haut de façon à devenir un repère dans la ville, tandis que nous, nous nous intégrons à la rue. Ces questions de jumelage de terrains, d’expansion de l’urbanisme libéral à travers de grands immeubles écrasants, de densité urbaine, etc. sont de réels sujets d’interrogation. Cet immeuble illustre un moyen de gérer la densité sans s’étaler, cas qui pourrait s’appliquer à Marseille.
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