The Boat Project
Le Réseau des Aménageurs de la Méditerranée a le plaisir de vous présenter une initiative originale et dynamique qui vient encore enrichir les liens entre les rives de notre Mer intérieure. Avec la publication d’une série d’articles-épisodes, nous allons pouvoir suivre le processus de naissance et de construction de « The Boat Project ».
L’auteur de cette série va s’appliquer à montrer comment ce projet a pu, en l’espace de quelques mois, susciter l’adhésion et l’implication de nombreux partenaires bienveillants dont notamment la DIMed. Ils espèrent que cette présentation permettra le développement d’un dialogue avec d’autres acteurs, source d’enrichissement continu. Pour cela, nous comptons sur vous !
Fin 2020, après 10 ans de création de projets liés à la mémoire des villes, au patrimoine et à l’espace urbain en Europe avec « The Beit Project », il semblait essentiel de faire profiter de cette expérience inédite d’autres espaces géographiques. Une première action hors d’Europe nous avait d’ailleurs amenés au Maghreb en 2017 avec de surprenants résultats. Un projet réalisé en plein cœur de la Kasbah de Tanger, faisant se rencontrer grâce au patrimoine historique, des jeunes de contextes/ (d’origines ?) très divers(es ?). Le Consulat général de France à Tanger, sous la direction de la Consule Mme Muriel Soret, en avait d’ailleurs été l’un des parrains.
Mon emménagement à Marseille en a surement initialisé le déclic et a mis en pleine lumière le lien essentiel que je voyais entre cette ville et la Méditerranée. Début 2021, le directeur de la Fondation Matanel, également fondateur de l’institut EMID, me propose de réfléchir à un projet autour de la culture euro-méditerranéenne. Une réelle opportunité pour développer une nouvelle démarche pédagogique et réfléchir au potentiel de la Méditerranée comme lien entre les cultures et les habitants de ses trois rives. Ayant personnellement habité pratiquement toute ma vie autour de cette mer, ce défi m’attira de suite et je proposai à plusieurs collaborateurs de travailler sur une idée pouvant changer la perception de l’altérité. : réfléchir sur le binôme identité-altérité.
Le concept central consiste à positionner la mer Méditerranée comme sujet à part entière, pour non pas travailler AUTOUR d’elle, mais EN elle. Comme une matrice qu’il faut redécouvrir, écouter, toucher et sentir. Si des cultures si différentes et en même temps si complémentaires sont nées sur ses différentes rives, nous portant pourtant encore aujourd’hui à un degré de confrontation et d’incompréhension peu commun, il convient de retourner à la source, à la mer pour y trouver la solution. Comment transformer la vision de l’autre : d’un obstacle à un avantage, d’un rival à un partenaire ?
Début février la première version était présentée au Conseil d’Administration de la Fondation, qui répondit très positivement à la proposition :
Un projet permettant de connecter les habitants des différentes rives de la Méditerranée et de créer de nouvelles modalités de communication entre le Nord et le Sud, l’Orient et l’Occident. Une communication basée sur le partage d’émotions, sur l’expérience commune, le vécu partagé, la coopération écologique et sensible.
Un voilier, avec à bord un équipage formé par de jeunes volontaires des villes de Méditerranée, traverse la mer d’une rive à l’autre. A chaque étape, le bateau se transforme en véritable école du vivre-ensemble, lieu d’étude parlant de l’autre rive et de l’autre tout court. De la mer qui sépare les rives et les connecte d’un même geste. Pendant ces périodes de plusieurs semaines à terre, ce sont des centaines d’élèves locaux/(du territoire ?) qui participent à des activités mises en place dans la ville par les membres de l’équipage, eux-mêmes formés à une pédagogie active et ouverte.
Au fil des étapes, des messages sont transmis entre les écoles participantes des différentes rives, créant un dialogue basé sur une appropriation partagée de la mer et de cette école nomade « venue d’un autre monde ».
Comme dans chaque projet portant une innovation, la confiance des premiers partenaires est essentielle, car elle permet d’articuler la stratégie de développement et de concrétiser les idées. C’est avec l’investissement de toute l’équipe du « Beit Project » que les premiers pas ont été faits, et c’est grâce à la confiance et l’énergie positive de la Dr. Annie Levy Mozziconacci, de l’Ambassadeur Bernard Valero et de l’avocat barcelonais Carlos Basteiro Bartoli que l’association THE BEIT PROJECT FRANCE fut créée afin de porter le projet.
Un peu comme un jeu de mots, c’est assez naturellement qu’un nom s’est imposé pour ce nouveau projet : après The Beit Project, « The Boat Project ».
Quelques semaines plus tard, lorsque le philosophe et philologue Marc-Alain Ouaknin s’intéressa au projet, il me fit part de sa découverte : il semblerait, selon un dictionnaire du XIXe siècle édité à Leipzig en 1932 par le philologue Julius Fürst, que la racine du mot sémitique « Beit » (maison) est en fait composée de façon assez surprenante des lettres BOT (BVT). Cette racine ayant ensuite donné en anglais le mot BOAT, mais aussi toute une série de mots sous des formes variées et dans de nombreuses langues occidentales : bateau, bâtiment, botte en français, boot et bed en anglais, bota et bote en espagnol !
Des termes très variés dont le point commun est l’accueil de l’humain et de son corps. Beit et Boat viendraient donc de la même racine, marquant de leur étymologie commune la continuité de sens et d’objectifs entre ces 2 projets, où l’acceptation et l’inclusion sont les maître-mots.
Un projet pour transformer la perception de l’autre, pour lequel nous sommes heureux que nous accueille aujourd’hui l’AVITEM.
A suivre !
DAVID STOLERU