Les analyses sur les causes de la crise sanitaire sont nombreuses, la plupart dénonçant l’effet “densité” des contacts humains, en ville comme en dehors des espaces urbains. Nombreuses sont également les prises de position appelant à bénéficier de l’effet d’opportunité de la sortie de crise actuelle pour faire sauter les verrous et créer de nouveaux horizons. C’est la fameuse dialectique du “Jour d’après”.
La réflexion d’aujourd’hui propose de “repenser la ville”, en tant que telle mais aussi en ce qui concerne notre logement et nos habitudes.
L’épreuve du confinement révèle l’incurie du développement urbain tous azimuts depuis un demi-siècle. Comme le rappelle le philosophe et urbaniste Thierry Paquot, la préoccupation de la santé a disparu des enseignements de l’urbanisme, au profit d’une ville productiviste. Avec le changement climatique, les villes actuelles doivent être repensées et entrer dans « l’âge post-béton ».
En effet, face à la pandémie, une poignée de mégalopoles, telles que Séoul, Singapour et Hong Kong, semblent relativement épargnées, grâce à des mesures d’urgence efficaces (tests de dépistage, port du masque, isolement des personnes atteintes) et à un contrôle strict des déplacements de chacun via l’arsenal numérique. Ce sont des exceptions. Ces mégalopoles ne règlent pas pour autant les nombreux problèmes qu’elles rencontrent : dépendance alimentaire – Singapour importe 90 % de son alimentation de Malaisie –, circulation, qualité de l’air, traitement des déchets, ségrégation sociale, etc.
Cet entretien avec Thierry Paquot, philosophe et urbaniste date du 4 mai 2020. Propos recueillis par Barnabé Binctin et Sophie Chapelle du magazine Basta ! A lire ici